J3 - Chichen Itza by day

dimanche 27 juillet 2008

Oups oups oups me revoila. Entre festivals bretons (oui à défaut de soleil, il faut bien que la région ait ses avantages) et soirées diverses, il me fut dur de remplir cet endroit de ma superbe prose.

Nous sommes donc le dimanche 22 juin, 3ème jour sur le sol mexicain. Il est 7h du matin et la température extérieure est de "on crame déjà, c'est quoi ce pays ?" °C. Suite logique de notre soirée "sons et lumières", nous nous lançons à l'assaut de notre premier site Maya ; et pas des moindres, j'ai nommé Chichen Itza.

Spotlite - Sharko

Pour ceux qui ont un peu de culture, vous avez surement déjà entendu parler de ces ruines. Elles font partie, aux côtés du Machu Pichu ou du Colisée, des New 7 Wonders (7 nouvelles merveilles du monde) élues à Lisbonne le 07.07.07 (super symbolique).


La pyramide Kukulkan.

Ses nombreux édifices bien restaurés ainsi que sa proximité avec les centres névralgiques touristiques en font le site le plus visité de la péninsule. Injuste récompense à mon gout, car après avoir parcouru plusieurs autres sites mayas, je dois reconnaitre que l'ensemble est trop désaffecté, "tourist-friendly". La jungle a cédé la place à un joli gazon tout propre, où une horde de mexicains, aux étalages tous identiques, essayent de vous lester de vos pésos à coups de prétendus masque mayas made in China... Pour en rajouter une couche, suite à une chute mortelle, on ne peut même plus approcher des édifices. Tout cela mis bout à bout rendent le site moins envoutant ; et je n'ose même pas m'imaginer à quoi tout cela ressemble en haute saison, envahit de touristes.

Toutefois je me console en me disant qu'ainsi, les pécores ne viennent pas dénaturer l'âme des autres sites plus authentiques ; et que, au passage, cela nous a permis d'apprécier d'autant plus les autres ruines que nous avons visitées.

De Temps À Autre - Sidilarsen

Petit point histoire. À son apogée, entre 750 et 1200 de notre ère, la cité, étendue sur 300ha, détenait l'hégémonie sur l'ensemble de la zone maya. La pyramide Kukulcan, la plus célèbre silhouette du site, dominait l'ancienne ville ; une chaussée la reliait au cenote sacré (profond gouffre réserve d'eau douce mais aussi puits à sacrifice...), 20m plus bas. Ce dernier explique le nom Chichen Itza : "près du puits des Itzas", les Itzas étant la tribu maya qui fonda la ville aux alentours de 500.


Vue sur le fameux cenote, appelé aussi puits des sacrifices dans lequel on a découvert 21 crânes d'enfants. À noter que, étant donné qu'il n'y avait ni rivière ni lac à proximité, l'eau du cenote était aussi utilisée comme eau potable...

Malgré tout ce que j'ai pu dire au dessus, il faut tout de même rendre à César ce qui est à César ; Chichen Itza en reste pour le moins incontournable. En effet, ce dernier possède malgré tout des édifices uniques et/ou en bien meilleur état que tout ce qui nous a été offert de voir. Fondée par les mayas puis abandonnée, elle a ensuite été récupérée par les Toltèques, une tribu du nord, en l'an 1000. Ceux-ci l'ont imprégnée de leurs cultures et architecture et en ont produit un mélange unique de genres. Petite vue détaillée.


Chichen Itza c'est plus fort que toi

Égérie des lieux marquant l'entrée du site, dur de ne pas s'émerveiller devant le Castillo, (ou pyramide Kukulcan) surnommée ainsi par les espagnols à cause de son aspect imposant. Quatre escaliers de 91 marches lui courent de chaque côté pour accéder au sommet ; disposition unique qui donne naissance à un serpent fait d'ombre et de lumière à chaque équinoxes (cf video post préc). En haut, une marche supplémentaire permet d'accéder au temple. Vous avez fait le compte ? 91 marches x 4 côtés + 1 en haut ? Oui, ça fait bien 365... Une autre preuve, avec le serpent d'équinoxe, qui témoigne des grandes connaissances scientifiques de ce peuple bien peu connu. Entièrement dédié au soleil, la pyramide était consacrée aux grandes cérémonies religieuses.


De gauche à droite : une colonne et son guerrier vus de près (cliquer sur l'image pour la voir mieux) - Première partie du temple

Derrière le Castillo, se dresse le Temple des Mille Colonnes. Ces dernières sont toutes ornées d'un guerrier emplumé muni de sa lance, ce qui vaut à ce gigantesque chef d'œuvre le second nom de Temple des Mille Guerriers. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un lieu sacré en l'honneur des ancêtres qui ont participé à la puissance de la cité. Au premier abord, en forme de L, le temple cache bien son jeu.

Malins que nous sommes, nous avons donc dépoussiérés nos tables de multiplication pour vérifier si ce 1000 ce n'était pas un petit peu surfait (un peu comme les Crazy 88 de Kill Bill qui ne sont pas 88 mais qui trouvaient ça "cool"). Une fois les 310 atteints, persuadés que les mayas avaient essayé de se la péter un peu, nous sommes arrivés devant le reste de la collection... Désormais, nous voulons bien croire qu'il y en a au moins 1000 (voire plus).


De gauche à droite : Vue d'ensemble sur le terrain avec les anneaux - Vue rapprochée de l'anneau

Clôturant la visite, on trouve l'imposant jeu de pelote et ces murs immenses. Le jeu de pelote opposait 7 joueurs par équipe et consistait à toucher avec une balle en bois l'anneau de l'adversaire, situé sur le mur. La balle pouvait être envoyée avec le genou, le pied droit, les hanches ainsi qu'une batte en bois. La faire passer à l'intérieur de l'anneau représentait un exploit extraordinaire, et son auteur était honoré comme de droit. Les 6 membres de l'équipe jouaient au centre, et les capitaines respectifs sur les terrasses qui bordent les deux murs. Les spectateurs prenaient place tout en haut, ainsi qu'à chaque extrémité du terrain. Le jeu de pelote revêtait un caractère rituel et sacré et le peuple n'y était pas admis.

Quant au sort réservé au vainqueur, la polémique se poursuit toujours. Certains soutiennent qu'ils étaient sacrifié aux dieux en signe d'honneur ; d'autres estiment que c'étaient les perdants. Pour illustrer ça, des bas reliefs sur les murs du terrain, représentent un capitaine victorieux qui se fait décapiter (c'est un honneur !). De son cou jaillissent 6 jets de sang, rappelant les 6 autres joueurs. Un véritable jeu d'équipe quoi ! Un peu plus loin, un curieux mur agrémenté de sculptures de crane en l'honneur des joueurs de pelote décapités.

Enfin, comme toujours le serpent à plume Quetzalcoalt, symbole du dieu suprême maya est de la partie :


De gauche à droite : le serpent à plume qui entoure le terrain - le mur des cranes

Au fait, vous ai je préciser qu'en quittant les ruines, au moment de retirer une centaine d'euros d'un distributeur automatique, celui ci m'a gentiment renvoyé un magnifique "Insufficient funds" ? M'étant très peu servi de ma carte depuis mon début de séjour, dur d'envisager une fraude... Pour en avoir le cœur net, nous nous arrêtons donc dans un cyber café miteux en plein milieu d'un village qui l'était tout autant, afin de vérifier mon compte en ligne. Le gars de Hertz m'avait pourtant assuré que la caution de 3000$ ne serait pas retiré... et en tout cas, d'après le Crédit Mutuel, il disait vrai... Surement l'automate qui était détraqué...

A True Story - Hey Hey My My



Après 2h30 de visite sous un soleil de plomb, "léger" passage ptijej' sous les palapas de l'hotel. Enfin... pas si léger que ça... au programme huevos a la mexicana (oeufs à la mexicaine sur tortillas agrémentés de purée de pois, de bananes frites and co). Et puis bon, on est au Mexique, autant en profiter pour également visiter leur gastronomie.

Rassasiés, il était temps pour nous de reprendre la route direction le site archéologique d'Uxmal (prononcez "Ouchmal"), un peu plus dans les terres à deux heures de là, avec au passage, un petit détour par les ruines de Mayapan.


Le Mexique étant une plaque tournante de la drogue, il est très fréquent de croiser des barrages militaires, douaniers ou policiers sur la route, qui arrêtent selon leur bon vouloir les automobilistes pour des vérifications en règle ; on a bien du en voir une trentaine en 3000kms de voyage. Croisés à nombreuses reprises la veille, nous n'y avons pas échappé cette fois... Entre armes automatiques autour du coup, gilet pare balle immense et tourelle mitrailleuse à la sortie pour dissuader les automobilistes se croyant plus malins, l'ambiance n'était pas à la rigolade.

Ajoutons à cela que les signes du soldat sont rarement très affirmés, et qu'il faut le fixer de manière insistante pour deviner dans son regard si il faut s'arrêter ou non. Autant vous dire que, face à leurs joujoux automatiques, l'instinct se trompe souvent. Ainsi, plusieurs fois, il nous est arrivé de nous arrêter alors qu'apparemment le soldat nous avait fait signe de passer... Encore un mystère des routes mexicaines. Quoiqu'il en soit plus de peur que de mal au final : les soldats se contentent de vérifier nos papiers et inspecter rapidement le coffre...

Empty - Metric

Ce qui est agréable quand on sort des sentiers battus, c'est que les petits sites (et il y en a beaucoup), quasi déserts en haute saison, le sont encore plus en basse. On partage alors les pyramides avec les nombreux iguanes apparemment maitres des lieux, qui tolèrent notre présence.


De gauche à droite : Vue sur la pyramide principale - Vue globale avec l'observatoire en rond au fond.

Le site de Mayapan n'échappe donc pas à la règle. Au milieu d'une telle sérénité, on a du mal à croire que 12 000 personnes vivaient sur ces 4km² il y a 600ans ! Rajoutons à cela, qu'ici, les pyramides ne sont pas chasse gardé et que, les courageux que nous sommes, avons alors pu les escalader ("at our own risk" comme l'indiquait le panneau) et profiter de la vue ! Un chouette détour !


De gauche à droite : Le point vert au milieu c'est Anne Cécile - Vue depuis le haut de la pyramide - Descente sur les escaliers en mauvais état

Stuck In Reverse - Absynthe Minded

Dans un pays où les routes n'apparaissent sur aucun GPS, ni sur Google Maps, la carte routière devient rapidement un accessoire essentiel. De la moindre pompe à essence à la plus petite route, je dois reconnaitre que celle-ci nous a, de nombreuses fois, sauvés la vie.


View Mexico 2008 - Day 3 - Uxmal in a larger map. En violet, notre tentative de couper à traver le pays pour rejoindre l'hacienda Temozon.

Toutefois face aux bleds aux noms imprononçables et aux routes non légendées, elle atteint, comme tout le monde, ses limites... En effet, depuis Mayapan, on pensait pouvoir rattraper la route menant à Uxmal sans rebrousser chemin sur 40 bornes. Pour cela, il suffisait de se rendre à Xcanbacan puis à Abala... "suffisait"... quelle erreur...


De gauche à droite : la superbe église de Xcanbacan - une des plus jolies maison du village

Comment vous résumer ? Imaginez vous dans le plus pourris des bleds du monde (tellement pourri que quand on le tape dans Google, celui ci ne trouve aucune entrée... si si c'est possible). Vous y êtes ? Imaginez maintenant des mexicains qui ne sont jamais sortis de ce bled de leurs vies, et qui n'ont jamais vu de blancs ! Enfin, imaginez ces mêmes blancs leurs demandant leurs chemins... Bienvenue à Xcanbacan ! Clair que l'on a été l'attraction de ces dix dernières années et qu'ils parlent surement encore de nous dans leurs légendes...

Un espagnol inbitable, des avis qui se contredisent, des gestes approximatifs "c'est par là", des curieux qui s'approchent tout près pour voir à quoi on ressemble, un mexicain roux (si si) et le nom de la ville "Tecoh" (pas du tout sur le chemin) qui resurgit une centaine de fois. J'ai cru qu'Isabelle allait nous claquer dans les pattes... Elle a heureusement fait preuve de courage ; et finalement, nous, on est retournés sur nos pas...

Back in the Saddle - Aerosmith

Je n'en ai pas encore parlé, mais il n'y a que les mayas qui ont laissé leurs empreintes dans l'Histoire yucatanaise. N'oublions pas les conquistadors espagnols et leur style colonial très marqué, persistant dans quelques rares haciendas perdues entre deux sites archéologiques. Pour info, les haciendas sont de grandes demeures autrefois attachés à d'immenses exploitations agricoles.


Hacienda Ochil

Si aujourd'hui la plupart sont tombées en ruines, quelques privilégiées ont été restaurées et transformées en hôtels de luxe ; comme la hacienda Temozon qui a apparemment accueillit Bill Clinton mais que nous n'avons pas pu approcher. On se vengera alors sur la hacienda Ochil, petit havre de paix ocre, charmant à souhait avec sa petite voix ferrée qui le sillonne de part en part.

Mass Destruction - Faithless

Après toutes ces aventures, l'heure est à l'abordage de nos bungalows pour la nuit, à quelques kilomètres du site d'Uxmal. Les propriétaires, un couple franco-mexicain sont d'un conseil précieux sur les sites à faire, les routes à prendre et les restaurants à tester. Parmi eux, à deux pas, celui d'une anglaise célibataire, tenant son gite depuis plusieurs années, et servant les meilleures fajitas de Santa Elena et un brownie incroyable (oui je sais : un brownie fait maison en plein milieu de la pampa, c'est très improbable).

Il faut noter que tout paradis terrestre a sa part d'enfer. Au Mexique, ce sont les tornades en aout et les moustiques le reste du temps. Quand je dis "enfer", ce ne sont pas des exagérations. Moi qui suis d'ordinaire peu craintif de ces petites bêtes, jugeant inutile de m'asperger la peau de produit chimique à la citronnelle pour si peu, je me suis vite ravisé. Chaque sortie de la voiture était désormais accompagné du rituel sacré du "badigeonnage de répulsif à bebetes" sur toute partie du corps exposée.

Il a suffit de ne pas en mettre une fois, de s'assoir en terrasse au restaurant pendant 5 minutes, pour que le pire se produise. 39 piqures en 300secondes (véridique) pour la pauvre Anne Cécile... du jamais vu, de vrais charognards... C'est à partir de ce jour là que nous avons commencé à compter les piqures de moustique à chaque réveil.

Inclassables

Quelques photos insolites :


De gauche à droite : ici les fourmis sont des monstres énormes qui débroussaillent tout sur leurs passages - les mayas savaient s'amuser ! dommage qu'ils ne connaissaient pas le papier, ils auraient été moins embêtés... - Des sacs d'eau pendus à la terrasse du restaurant d'Uxmal pour éloigner les moustiques... le jour... dommage pour nous, il faisait nuit...

Et demain !?

Revenez demain ! Vous y verrez les jambes d'Anne Cecile (sexy !), le meilleur restaurant du monde maya, des grottes mieux que celles de Lascaux ! Ça laisse rêveur non ?