Funny Way - Mercury Rev

dimanche 24 janvier 2010

Mercredi 21 octobre 2009 ! Il est 7h et le a enfin pu faire son boulot réveil ce matin : ni le jetlag, ni l'appel à la prière ne sont venus troubler mon sommeil. Dans une heure, je suis censé quitter Yogyakarta et faire route vers le Mont Bromo, un peu plus à l'est de l'île.


Voila à quoi ressemble le Mont en question (source)

Sur les conseils de Laure, j'ai réservé une excursion auprès d'une agence indonésienne très sympathique. La ballade s'étend sur 3j : le premier pour rejoindre Bromo, le second pour voir le lever de soleil sur Bromo, monter dessus et faire route pour le volcan Kwah Ijen, le dernier pour monter sur Kwah Ijen et ensuite rejoindre le port d'où part le ferry pour Bali. Transports en van, diners et hébergement négociés à 750 000 rupies (soit 58€). Concernant l'hébergement, je suis prévenu: on aura le meilleur ou presque sur place, mais le niveau global n'est vraiment pas bon.

In Time - Mud Flow

7h30. Le van est censé venir me chercher à 8h devant l'auberge, j'en profite pour l'attendre en petit déjeunant sur la terrasse. On se croirait un peu dans une gare routière: un ou plusieurs vans débarquent toutes les 30 secondes pour venir chercher quelqu'un.

8h15. Mon van n'est toujours pas là et il n'y a plus que moi sur la terrasse. Je lève les yeux toutes les 30 secondes sur l'horloge du restaurant depuis 10 minutes quand je remarque qu'elle affiche en fait 7h15. C'est bête, le staff a du oublier d'avancer d'une heure au moment du dernier changement... Sauf que sous les tropiques on ne change jamais d'heure normalement... Le serveur me confirme que l'horloge du restaurant affiche bien la bonne heure. La question est alors: depuis quand j'avance d'une heure ? Heureusement que c'est dans ce sens et que je m'en suis rendu compte rapidement. Il y a 2ans à Berlin, on avait un jour de décalage (on croyait que c'était mercredi alors que c'était jeudi) et on a mis 2j à s'en rendre compte. Ça nous a bien tué certaines activités: sur le coup, on a cru que le routard racontait que des conneries concernant les jours d'ouverture.

8h15 (une heure plus tard donc). Mon van arrive enfin. À bord: un couple d'américains, un couple de hollandais, 1 belge néerlandophone et 2 filles francophones qui parlent avec un accent apparemment canadien. Étant donné que le trajet doit durer 10 heures jusqu'au pied du Bromo, et qu'il y a de grandes chances que je passe les 3 prochains jours, je décide de sympathiser et de tenter ma chance :
- Bonjour, vous êtes Quebecquoises ?
- Non, on est belges (une fois) (oui bon c'est nul)
Nicolas: 0 - La Belgique: 1. Et moi qui me prétend belgophile... Au moins, la conversation est toute trouvée pour les prochaines heures de route.

Nathalie fait un tour d'Asie du sud-est depuis plusieurs semaines: elle a descendu le Mekong et est arrivé en Indonésie quelques jours avant moi. Ça me frustre tous ces gens que je croise et qui partent en voyage pendant des mois (oui je suis envieux, et alors ?). Heureusement Sophie qui l'a rejointe à Yogyakarta, est arrivé en même temps que moi et reste également 3 semaines. Ouf enfin quelqu'un de normal ! Je précise les prénoms car il se pourrait qu'elles apparaissent plusieurs fois dans la suite de ce blog.

Mowgli's Road - Marina & The Diamonds



View Indonesie 2009 - Jour 3 in a larger map

Ce qui est bien quand on fait 11h de route dans un pays étranger, c'est que ça permet de s'habituer de manière inconsciente au mode de conduite local. On klaxonne toutes les 30 secondes (réellement) pour avertir qu'on double : cela permet aussi bien d'avertir la personne doublée que celle qui arrive en face et qui doit aussi se rabattre. On double pendant qu'un autre double de front, on fait et on reçoit des queues de poisson... Personne ne peste ou n'insulte : je suis impressionné par leur flegme. On se croirait dans un jeu vidéo...


De gauche à droite: notre van pendant la pause dejeuner - un scooter à peine chargé.

Au pied de la montagne, notre chauffeur nous dépose dans une agence qui s'occupe du transfert pour l'hotel: encore deux heures pour arriver à destination ! Pendant la pause à l'agence, les responsables (un nain et un borgne, pas très courant dans ces contrés) nous font le briefing de la journée de demain: lever 3h00 du matin, jeep pendant une heure pour atteindre le point de vue... Vivement un bon lit !

Et nous voilà repartis, cette fois ci à l'assaut des lacets de la montagne ! Étant donné la pente et les 10 personnes dans le van (en plus des bagages), le chauffeur est rapidement obligé de passer la première pour continuer à avancer. Il fait nuit noire dehors et plutôt froid (altitude oblige), et on se surprend à blaguer que ce serait fort bête de tomber en panne ici !
Et évidemment ce qui devait arriver arriva, une pente de trop et c'est le drame: petite explosion, nuage de fumée noire et dense qui emplit le van en un clin d'œil, début de panique parmi les passagers qui n'arrivent pas à sortir, et moi qui rit jaune. Constat sans appel: le moteur a serré et on vient de lâcher une énorme trainée d'huile sur 100mètres... En pleine nuit, sur une route en lacets sans éclairages ni rambardes de protection, j'appelle ça une arme de destruction massive.



Heureusement, nous ne sommes qu'à 20minutes des hôtels et un minivan qui acheminent d'autres routards ne tarde pas à revenir nous chercher pour achever notre aventure. Nous laissons le conducteur et un compatriote derrière nous, s'occuper de leur monture. J'ignore si il est toujours vivant aujourd'hui.

Comme prévu l'hotel est pas terrible mais pas aussi pire que ce qu'on s'était imaginé. Une fois les araignées chassées, on dirait même presque une vraie chambre. C'était évidemment sans compter sur les gérants de l'hotel jouant à un jeu vidéo de guerre, volume et rires à fond devant les portes de nos chambres... La nuit va être longue, ou pas.

Et demain !?

Demain des montagnes, des volcans, des chevaux et l'histoire incroyable du café le plus cher du monde.

Epilogue

Sophie et Nathalie, les deux demoiselles belges, me font préciser qu'elles sont célibataires :-).

Religion - Serafin

mercredi 20 janvier 2010

Désolé pour l'absence de posts ces derniers jours: manque de courage et beaucoup de choses à faire. Je vais m'arranger pour avoir plus de temps dans les soirées qui viennent.

Nous sommes le mardi 20 octobre 2009 et il est 4h du matin. Entre le muezzin, la température (la chambre n'a pas la clim et la fenêtre donne sur une rue animée) et le décalage horaire, difficile de dormir plus longtemps. De toutes façons, je pars dans 1h30 pour une excursion aux temples de Borobodur et Prambanan; et apparemment je ne suis pas le seul ! Devant l'auberge de jeunesse, une petite dizaine de personnes attendent le minibus de telle ou telle compagnie ou une ballade identique.
À ce propos, il faut reconnaître que le pays s'y prend très bien pour valoriser son patrimoine touristique : les agences d'excursion pullulent de partout, sont très compétitives et extrêmement bien organisée. Il est possible de se concocter un peu n'importe quel programme, n'importe quand, pour n'importe quelle durée et évidemment pour une somme modique. Dans le cas de la visite des 2 temples, le trajet me coutera 45 000rps (3€) soit aussi cher que les 5 minutes de taxi depuis l'aéroport...

Du coup, je partage mon minibus avec 2 jeunes et sympathiques parisiens aux passeports débordant de tampons (sic!). Et c'est parti pour 1h de trajet soit 40kms de route ! D'ailleurs petite nouveauté par rapport à mes précédents voyages, je me suis doté d'un récepteur gps de poche (QStarz 1000X) qui enregistre ma position toutes les 10 secondes environ. En rentrant ensuite chez moi, cela me permet de revoir mon itinéraire dans Google Maps et, d'enregistrer dans chacune de mes photos, l'endroit précis d'où elles ont été prises (à condition que mon appareil numérique soit à la même heure que le GPS). Voici donc mon itinéraire de la journée (en vert le point de départ, en rouge Borobodur et en violet Prambanan) :


View Indonésie 2009 - Jour 2 in a larger map

Cosmic Love - Florence + The Machine

Pour la petite histoire, avec ses 35m de hauteur et ses 123m de côté, Borobodur est le plus grand monument bouddhique du monde. Érigé par la dynastie Sailendra au 8ème siècle, sa construction aurait nécessité 75ans et 1,6 millions de pierres. Pendant ce temps là, il faut savoir qu'aucune cathédrale ne se dressait sur la terre de France, que les Khmers n'avaient pas entamés Angkor et que l'empire Maya était déjà en plein déclin.


De gauche à droite: Arrivée à Borobodur - Vue de haut (from the web) pour se rendre compte de la forme

La pyramide est composée de 10 étages différents: la base est composée de 6 terrasses carrées sur lesquelles 5kms (!!!) de bas reliefs illustrent toutes les étapes des différentes vies de Bouddhas. Une espèce de bande dessinée géante ! Je n'ose pas imaginer le temps qu'ont nécessité toutes ces fresques.
Ni un temple, ni un sanctuaire, pour l'instant personne n'a encore découvert la signification de ce monument. Toutefois, des archéologues pensent qu'il s'agissait d'une université, les scènes de bas reliefs servant à enseigner la lecture et l'histoire de Bouddha.


Des extraits de la bd géante.

Au dessus de ces fresques, 4 terrasses circulaires censées représenter le rapport de l'individu au cosmos (je l'ai bien senti en effet). Elles sont ornées respectivement de 32, 24, 16 et 1 stûpas (sortes de cloches symbolisant une montage javanaise proche). Chaque stûpa est percée d'une série d'ouvertures en forme de losanges et abrite une statue du Bouddha.


De gauche à droite: vue depuis tout en haut, une stûpa ouverte, une stûpa fermée

Le coin est désert et c'est un vrai bonheur de flâner le long des terrasses, et d'observer les fresques. Selon la tradition bouddhique, il faut commencer la visite du monument par l'escalier est, puis parcourir les terrasses dans le sens des aiguilles d'une montre afin d'accéder aux 10 degrés de transmutation humaine destinés à passer de la réalité au nirvana. Dans le doute, j'ai bien suivi les instructions à la lettre... mais j'attends toujours le nirvana... Je vais surement faire une réclamation à Bouddha armé de mon GPS:


Bête et discipliné, Nicolas fait bien tout ce qu'on lui dit.

La visite se conclue par un petit tour du musée du centre d'infos. On y explique que Borobodur est construit à base d'une pierre volcanique facile à sculpter mais fragile. Comme les maçons de l'époque n'ont pas utilisé de mortier pour maintenir les blocs entre eux, les pluies diluviennes qui saisissent chaque année ont dégradées petit à petit le monument, jusqu'à s'enfoncer de 80cms ! En 1955, l'Unesco s'est réveillé et a entrepris de le restaurer ! Chaque pierre fut démontée dans on ordre précis, recensée sur papier. Puis des drains furent creusés et une dalle de béton coulée dans le soubassement de chacune des terrasses. Un travail de titan qui s'est achevé en 1983 !


Le musée et quelques unes des pierres restantes.

9h du matin, une armée de collégiens indonésiens débarquent et courent partout, il est temps de partir d'ici, de petit déjeuner dans une échoppe à la sortie et de rejoindre Prambanan!

In This Temple - Sufjan Stevens

La route entre les deux monuments, avec sa belle vue sur le volcan Merapi, est plutôt chouette. Encore ici le site est désert (les gens commencent par Prambanan et ne se lèvent pas aussi tôt) et c'est d'autant plus agréable que les temples sont superbes !



À l'origine, ce sont près de 300 temples qui se dressaient sur cette plaine au IXème siècle, formant un fer de lance spirituel hindouiste censé concurrencer Borobodur et ainsi montrer qui avait la plus grosse. Du coup, comme à Borobodur, on a voulu se la faire genre "regardez comment je sculpte trop bien les bas reliefs et raconte des histoires". Sauf qu'ici il n'est pas question de Bouddha, mais plutôt de Ramayana.



Assis sur leur "forteresses" sacrées, les deux religions indiennes s'affrontèrent pendant cinq siècles pour avoir la mainmise sur l'île de Java et, au delà, sur le reste de l'Indonésie. C'était sans compter sur l'arrivée foudroyante de l'Islam au XVème siècle qui enterra en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire ses deux rivales.
Depuis, les temples ont été laissé à la merci du temps, des tremblements de terre et des diverses éruptions des volcan environnants. Les ruines constellent désormais la plaine et seuls les édifices les plus remarquables ont retrouvé leur splendeur d'antan.



En effet, il aura fallu plusieurs dizaines décennies de labeur patient pour mener à bien les travaux de restauration. Commencé dans les années 50, le chantier continue encore aujourd'hui. Étape par étape et pierre par pierre (et ce n'est malheureusement pas le tremblement de terre de 2006 qui rendra les travaux moins longs...).


De gauche à droite: Un temple en pleine réparation - mais il y a encore du boulot - des tailleurs de pierre et leur travail de fourmi.

Ballet de Suburbia - Danny Elfman


Encore une fois, levé tôt rime avec après midi détente à l'auberge de jeunesse. Avec mes deux compatriotes parisiens, je profite une dernière fois de la piscine. Demain m'attendent 10 longues heures de route pour rejoindre le Mont Bromo et ainsi me rapprocher de Bali.

En attendant, je profite de ma dernière soirée pour assister à un spectacle traditionnel. La spécialité du coin c'est le Ballet de Ramayana (encore lui), qui adapte des épisodes tirés de la célèbre épopée. En gros y'a toujours un sale méchant qui enlève une jolie princesse, et c'est toujours à Ramayana, bonne poire, de mettre sa peau en danger pour la sauver. Tout porte à croire qu'il ne se la tape pas à la fin en plus... Comme quoi Nintendo et Disney n'ont vraiment rien inventé.

Le spectacle est interprété à plusieurs endroits, dont Prambanan. Dur de résister ! Surtout que la toile de fond (les temples illuminés) vaut carrément le détour. Comme prévu, je n'y comprends rien et m'ennuie rapidement.



Je ne suis pas le seul à ne pas être sensible à la danse, car mes voisins de banc, deux jeunes et sympathiques indonésiens ne tardent pas à m'adresser la parole, curieux de savoir d'où je viens et comment je trouve leur pays. On échange beaucoup sur nos cultures respectives et les principales différences (l'individualisme français les sidère quand je leur explique ce qu'il en est chez nous). Le fait que je ne sois pas marié et que je n'ai pas encore d'enfants à 25ans les amuse aussi beaucoup. Je pense qu'ils me considèrent comme un dépravé ou un libertin, et m'interrogent sur les mœurs des petites françaises (qui les font manifestement fantasmer). Ils ont aussi beaucoup de mal à comprendre comment je peux être athéiste.
Enfin j'apprends que les deux personnalités françaises les plus connues ici sont Zidane (normal) et Jean Reno (prononcé avec l'accent indonésien, il m'a fallu presque 5min pour comprendre) qui, apparemment, tourne beaucoup de pubs en Asie pour gagner de l'argent sans se faire griller en France.

Et demain !?

Demain sera sur la route ou ne sera pas ! Un road trip fantastique en compagnie d'une délégation représentative européenne, ponctué de pannes et de crises de panique !

The Palace - Danny Elfman

dimanche 10 janvier 2010

Nous sommes le lundi 19 octobre 2009, la température intérieure est de 38°C (36 à l'extérieur), il est 4h du matin et j'ai des envies de meurtre ! Je viens de comprendre ce que signifie la phrase "L'Indonésie est le premier pays musulman du monde avec 200 millions de croyants". Avec tous les moyens de communication dont nous avons à notre disposition maintenant, pourquoi l'appel à la prière se fait encore par le chant abominable du muezzin (oui à 4h du mat' je ne suis jamais objectif). Un simple texto ne pourrait-il pas suffire ? Je sais que je suis venu ici pour m'imprégner de la culture locale mais pas la nuit s'il vous plaît!

En même temps, étant donné le décalage, mon organisme ne m'aurait pas laissé dormir beaucoup plus longtemps. De plus, comme nous sommes près de l'équateur, le soleil est déjà en train de se lever; dehors, tout le monde s'agite déjà, la journée commence. J'en profite pour relire un peu ce que dit le Routard sur Yogyakarta.

Keys To The Kingdom - UNKLE

Yogya (prononcez Djodja) avec son million d'habitants, est le cœur géographique et culturel de l'île de Java. La ville et sa région sont chargées d'histoire: c'est ici que régnèrent les royaumes bouddhiques et hindous entre le VIIIème et Xème siècle. Puis, gouvernée par une lignée des sultans à partir de la fin du 18ème siècle, Yogya devint la capitale morale et politique du pays lorsque Hamengkubuwono IX, père de l'actuel sultan, déclara son soutien à la lutte pour l'indépendance face aux néerlandais en 1940. Chose qu'il obtiendra en 1945 avec l'appui du gouvernement des rebelles qui avait abrité dans son palais (le kraton).

Aujourd'hui le sultan inspire toujours le respect dans toute la population et, même s'il n'a pas de fonctions publiques officielles, il exerce un réel pouvoir au niveau local.

Bicycle Race - Queen

Je consacre donc ma première matinée sur Java à flâner dans les rues de Yogya en direction du fameux kraton, le palais du sultan, ouvert le matin seulement aux visites.

Outre la soleil sur mon cou, ce qui frappe le plus ici c'est l'omniprésence de deux roues. Les scooters sont les rois du bitume ici et font leurs lois. Vu la quasi non existence de trottoirs pour se déplacer, il est aussi dangereux d'être piéton que conducteur.


De gauche à droite: un scooter est caché dans cette image, saurez vous le trouver - un exemple de trottoir aux abords du palais - une jolie station service en arrière plan.

On découvre aussi la civilisation du becak, cyclo-pousse actionné par un conducteur haut perché sur sa selle. Malgré quelques frayeurs dues au trafic, c'est un moyen de transport agréable, suffisamment lent pour profiter de l'animation de la rue et suffisamment rapide pour se protéger de la chaleur. On en dénombre plus de 12 000 dans la ville parait-il, aussi bien plébiscités par les touristes que par les locaux pour leurs déplacements.



Pour presque 1€ de l'heure, dur de résister à la tentation étant donné la chaleur ambiante. Cela ne m'a pas empêché pour autant d'avoir des scrupules, en entendant mon conducteur souffler hors d'haleine, face aux faux-plats de la ville. Au point même de descendre du véhicule et de le pousser à pied tout en restant en plein milieu de la route évidemment. Job à la con quand même...

Guide Down - Grandaddy

Sur les conseils du Routard, je décide d'accompagner ma visite du palais d'un guide parlant français: excellente idée! Il m'explique plein de choses sur le sultan, sa place dans la société aujourd'hui et comment son père et lui ont œuvrés pour le peuple. Il répond également à toutes mes questions sur la culture indonésienne et la manière dont chacun s'accommode des religions de son voisins.

En effet, si le pays est à 87% musulman, il n'en reste pas moins 13% de bouddhistes, hindouistes ou catholiques issus de la présence de différents royaumes au fil des siècles (Bali est à 90% hindouiste par exemple). D'ailleurs le pays est reconnu pour être un cas unique de neutralité bienveillante et de coexistence pacifique entre les ethnies et les religions.
Pour symboliser cette osmose et cette tolérance, le sultan est lui même islamo-hindo-bouddhiste! À son arrivée sur le trône, chaque sultan choisit parmi les 3 religions, quelle tradition il souhaitera respecter ou non: bizarrement la polygamie a beaucoup de succès lors de ce choix (Hamengkubuwono IV a eu 19 enfants... et est mort à 19ans...) ! Seul le sultan actuel, dixième du nom, a opté pour la monogamie (il est marié avec une ex mannequin quand même). Surement pour le punir de cet affront, il a eu 5 enfants... 5 filles, et donc aucun héritier légitime !

Contrairement à l'image très 1001 Nuits qu'on pourrait se faire du palais d'un sultan, celui ci reste relativement sobre. Il a bien quelques fresques en or ou 2-3 magnifiques sols en marbre mais pas de quoi faire rougir Aladdin. Il est composé d'une succession de cours carrées parsemées de pavillons ouverts servant aussi bien de cabinet d'écriture que de salles de réception (vu le climat local, pas besoin de murs). Seul le Palais Jaune (en référence à la Maison Blanche), un peu en retrait et abritant la famille royale, n'est pas accessible.


De gauche à droite: l'entrée du palace - le cabinet d'écriture du sultan (c'est pas du plaqué or le plafond...) - la salle à manger (qui a conservé des vitraux néerlandais).

3 matins par semaines, on peut assister aux répétitions de l'orchestre du sultan (appelé Gamelan) qui jouent de la musique, chantent ou récitent des mélopées interminables du répertoire national. Pour oreilles averties seulement... (pas les miennes donc).


De gauche à droite: l'auditorium (classe !) - l'orchestre du sultan.

Enfin, lors de la visite du musée du sultan IX (celui qui a libéré le pays des hollandais), mon guide entre alors dans une sorte de transe, me vantant toutes les qualités de son ancien souverain (aussi bien en tant que général des armées, qu'en entraineur d'équipe de foot). J'apprends aussi que le sultan est grand chef Scout du pays (la classe !) et que chaque jeune indonésien de 10 et 17ans est obligé de suivre l'enseignement scout un samedi sur 2...

Le musée expose aussi bien son premier slip (sans déconner) que ses médailles de guerre, ainsi que tout un tas d'objets personnels, parfois dérisoires, conservés comme des reliques. Fier, mon guide ponctue toutes ces phrases par un "Commandeur de la Légion d'Honneur, s'il vous plait Monsieur" très touchant.


De gauche à droite: le titre complet du sultan IX, pas évident quand il faut l'appeler pour aller manger - la marionnette du sultan IX (désolé je n'ai pas eu la présence d'esprit de prendre en photo son slip)

Birds & Drums - The Bewitched Hands...

À proximité du palace, se trouve le Taman Sari (ou Water Castle). Il s'agit de trois bassins en plein air, entourés d'un mur d'enceinte et dominés pas une sorte de pavillon à 2 étages. Assez surprenant, surtout si l'on imagine que le sultan venait s'y baigner avec ses femmes, enfants et maîtresses. Un des bassins est réservé aux légitimes et un autre aux concubines. Après le bain, le sultan prenait un peu de repos dans le pavillon, d'où il pouvait suivre discrètement les ébats aquatiques de ses amantes. La belle vie quoi !



Toujours à proximité, j'ai conclu ma ballade de la ville avec le marché aux oiseaux qui, comme son nom ne l'indique pas, est un marché où on vend des oiseaux ! Déferlement de couleurs garanti : aussi bien les oiseaux de toutes espèces que le marché en lui même. En fouillant un peu, on y trouve également des chauves-souris (à consommer rôties contre les problèmes d'asthme il parait), des lapins, chiens, chats, poissons, rats ou quelques pauvres macaques aux yeux tristes et à 2 doigts de mourir. Les mariés y viennent souvent en acheter (des oiseaux) pour les libérer (ça porte bonheur).


De gauche à droite: l'intérieur d'un stand (ça me fait penser à l'antre du vieux chinois propriétaire de Gizmo dans Gremlins) - un stand haut en couleurs - des poussins haut en couleurs également (oui ils sont teintés).

Swimming - Émilie Simon

Il est presque 13h et j'ai terminé tout ce que j'avais prévu de faire aujourd'hui: évidemment quand les journées commencent à 5h, on se retrouve avec beaucoup plus de temps libre que prévu. Du coup, je décide de me reposer un peu à l'auberge de jeunesse complètement déserte; à moi le bar, les transats et la piscine. À la base, j'avais choisit cette auberge pour son prix (5€ la nuit) et pour ses excellentes reviews sur tripadvisor.com; la piscine a été la bonne surprise en arrivant :-)


De gauche à droite: Une Bintang (la bière locale) et mon téléphone en guise d'échelle - la charmante piscine de l'auberge.

L'autre chose sympathique, commune à la plupart des auberges qu'on a faîtes, c'est que tous les jours, on trouve un grand thermos de thé indonésien (qui, au passage, est excellent) dans sa chambre à libre disposition et toujours chaud. Et étonnamment, plus il est chaud, plus il désaltère.

Aujourd'hui pas question de sauter le dîner pour cause de fatigue. Il est temps de confronter mon estomac à la gastronomie locale, surtout avec tout le bien que j'ai pu lire dessus! J'opte pour le plat national "nasi goreng", à savoir riz frit avec des oeufs, des petits morceaux de viande et de légumes, avec des "sate", petites brochettes de poulet cuites sur la braise et servies avec une sauce aux cacahuètes sucrée. Le tout est accompagné d'un jus de fruit frais melon-orange (les indonésiens sont fans de jus de fruits frais, quelle bonne idée). Miam! Coût total de la folie (avec un thé pour digérer): 40 000 roupies soit 3€.


De gauche à droite: Nasi Goreng + Sate - la carte des jus de fruits du restau (cliquez dessus pour une meilleure résolution).

Et demain !?

Demain (ou plutôt mardi), rencontre avec le plus grand monument bouddhique du monde et son alter ego hindouiste, puis ballet traditionnel sur fonds de monuments classés.

Planes - Mudflow

samedi 9 janvier 2010

Il me semble que cette histoire commence un matin de décembre 2008: très certainement frigorifié par d'insupportables températures hivernales avant l'heure (comprendre +5°C, oui je suis frileux), il n'aura pas fallu meilleur alibi à mon côté routard pour qu'il me soumette la fatidique question "alors mon grand, on part où en 2009 ?"

En soi, cette question n'a rien de difficile; des endroits où j'adorerai aller, j'en ai plein le fichier Word. La vraie question était plutôt "quand part-on ?". En effet, entre les études d'Anne Cécile, ses examens, ses stages et le bonheur de partir hors saison, il a été délicat de composer une réponse satisfaisante. "Et pourquoi pas les vacances de la Toussaint ?" me dit-elle, "les gens de l'année au dessus de moi ont dit que c'était encore tranquille côté travail à l'école". Banco !

Maintenant, où ? Il faut dire que le Mexique a mis la barre très haut avec son subtil mélange de culture, d'histoire, de paysages variés, de plages de rêve et de vie sous marine très riche. Ce dernier paramètre étant devenu d'autant plus important qu'Anne Cécile est désormais plongeuse certifiée elle aussi.
On lorgnait un peu l'Asie du sud est après avoir vu à des photos de la Thaïlande et du Cambodge mais il semblait qu'octobre-novembre n'était pas la période idéale pour cette partie du monde (un truc qu'ils appellent "La Mousson" il parait, ça nous a un peu refroidit).

Du coup, j'ai fait comme dans la vie de tous les jours, quand j'ai une question: j'ai appelé mon pote Google. Il a un avis sur tout et, la plupart du temps, je le trouve pertinent. "Où partir en octobre ?" lui ai je donc demandé. Sa 5ème réponse me renvoie sur un chouette site sobre au possible et concis: capaustral.com. Pour chaque mois de l'année, une liste de pays; pour chaque pays, une petite fiche des saisons, des températures et des jours de pluie par région. Bref, ma Bible 2.0!

Alors en octobre... A... Afrique, Amérique, Asie... mhmm la Birmanie/Myanmar, la Corée du Nord, le Timor... mouais c'est pas la teuf en Asie en cette saison. Ah tiens je n'avais pas vu ça: L'In-do-né-sie ? Y'a quoi là bas ? C'est joli ? Je vais voir ça dans Google Images (oui ! je suis un gros geek qui n'écoutais pas les cours de géographie, je sais).

10 mois plus tard, le 17 octobre 2009 à 11h00 du matin très précisément, me voilà, seul, à Paris dans un avion de la compagnie Eva Air pour un vol à destination de Jakarta, Indonésie avec escale à Taipei, Taiwan.

All Alone - Gorillaz

Ceux qui connaissent le calendrier des vacances scolaires sur le bout des doigts (et ils sont surement très nombreux à me lire) auront évidemment remarqué que le 17 octobre 2009 ne correspond pas aux vacances de la Toussaint: on vous la fait pas à vous hein !

En effet ! En fait le soucis, c'est qu'une fois sur Google Images, pour savoir si le pays était chouette, je me suis retrouvé pris au piège de The Internet, surfant pendant plusieurs heures sur des forums remplis de récits et de photos de voyageurs, ou sur des sites touristiques spécialisés. Car oui, en plus d'être sublime, le pays possède une diversité étonnante de choses à voir et à faire: 17 000 îles (le plus grand archipel du monde), 275 millions d'habitants, je me demande encore comment j'ai pu passer autant de temps sans m'intéresser à ce pays.

Du coup, ça a été dur de choisir parmi les îles qui avaient retenues mon attention: Java pour ces volcans, son mélange de vestiges hindouistes, bouddhistes et sa culture musulmane ? Bali "l'île des dieux", paradis reconnu pour ces paysages et ces temples superbes ? Lombok et les Gilis, épargnées du tourisme et donc réputées plus authentiques ?


L'archipel indonésien avec les îles de Java, Bali et Lombok.

Comme je suis un gros faible et que je ne sais pas faire des choix, j'ai préféré faire les 3 ! Et comme en 15j c'etait un peu sport et qu'à la base ce sont quand même des vacances, j'ai décidé de partir une semaine avant ma douce (à son grand damn), de faire un petit tour de Java et de la rejoindre à son arrivée à Bali.

Pour être honnête, un peu d'appréhension à partir seul. C'est la première fois et sur un continent que je ne maîtrise pas en plus... Le bon point c'est que ce sera l'occasion pour moi de me forcer à rencontrer les gens, aussi bien routards que locaux. Surtout que toutes les sources s'accordent à dire que les Indonésiens sont des gens chaleureux et d'une gentillesse inégalée. À vérifier donc !

Earthquake - Little Boots

Ce qui est pas terrible par contre avec l'Indonésie, c'est que comme c'est placé précisément à l'intersection de plusieurs plaques tectoniques, on n'est jamais à l'abri d'un tremblement de terre ou d'un tsunami (cf le dévastateur tsunami de 2004). Du coup, tous les jours on va sur le site de l'ambassade française en Indonésie en croisant les doigts pour rien de grave n'arrive.

- 30 septembre 2009, un séisme sur l'île de Sumatra (voisine de Java) fait 1200 morts et 3000 disparus. Flute...
- 16 octobre (J-1), un séisme à 42kms de la côte ouest de Java. Pas de morts et pas d'alertes tsunamis. C'est pas passé loin.
- 17 octobre, ça fait 1h30 qu'on aurait dû décoller déjà. Depuis mon hublot, j'assiste à un ballet incessant de mécaniciens qui n'arrêtent pas de plonger dans le moteur de l'aile pour y retirer plusieurs pièces mécaniques à l'état de santé incertain. Ce qui me panique le plus, c'est que je n'en vois aucun remettre d'autres pièces à la place... Rassure toi Nico, la compagnie est Made in Taiwan mais ça n'a plus la même signification qu'il y a 10ans.

Finalement le vol se fait sans encombres (j'ai quand même surveillé de temps à autre la turbine... comme si ça pouvait changer quelque chose). Nous parcourons les 13200kms qui nous séparent de Taiwan en 13h. À bord, j'ai droit à un avant goût de maison de retraite: regarder films, manger, boire, aller aux toilettes, dormir, recommencer (parfois dans un ordre différent)... D'ailleurs note pour plus tard : ne pas aller au ciné les 2 mois précédant un vol international sinon il ne restera que les daubes dans le programme de l'avion (et le temps passe encore moins vite devant un mauvais film).
Toutefois, je doute que je puisse trouver un jour une maison de retraite, depuis laquelle je puisse admirer les steppes enneigées du Kazakhstan en regardant par la fenêtre.


De gauche à droite: ok le réacteur va bien, ok le réacteur va bien... - déjeuner ou diner (selon le fuseau horaire de référence) devant une daube avec John Travolta (pléonasme) en vost chinois - les steppes enneigées Kazakhs.

Au milieu de l'appareil un écran géant nous informe en temps réel de notre position et de l'itinéraire parcouru. Alors que je m'étonne de l'itinéraire choisi (on est descendu jusqu'en Inde et on survole la Thaïlande, alors que Taïwan est beaucoup plus haut), j'entends le passager de devant expliquer à son voisin que, comme Taïwan et la Chine sont en mauvais terme depuis que cette première a pris son indépendance, les compagnies aériennes taïwanaises n'ont pas l'autorisation de survoler son voisin chinois... Je comprends mieux pourquoi les vols Air France mettaient 2h de moins pour le même trajet :-).

À une vache près, ça donnait un truc du genre (en frôlant encore plus les frontières chinoises):



Fast Fuse - Kasabian

Au bout de 13 longues heures, l'indicateur de position nous signale que nous sommes enfin à proximité de notre destination: Taipei, capitale de l'île de Taïwan. Sauf que... c'est quoi cette arnaque ? Quand je regarde par la fenêtre, je vois bien qu'on est toujours au dessus de Beauvais : y'a des champs, des villages et des champs... Où est l'exotisme asiatique qu'on m'a vendu ? Tu vas pas me dire que le pilote a tourné en rond au dessus de Roissy pendant 13h.
Et ce n'est pas parce que le technicien au sol a les yeux bridés et que c'est écrit avec des signes bizarres partout que je vais croire à votre comédie... On est dans le Truman Show non ?



Les portes de l'appareil s'ouvrent enfin et la température et l'humidité locale envahissent l'habitacle: pas de doutes, ce n'est pas la France. Par contre, comme nous avons atterrit avec 2 heures de retard, j'ai à peine le temps de goûter à la chaleur tropicale, que déjà le staff de la compagnie se jettent sur nous pour nous redispatcher vers notre destination finale. Il est 2 heures du matin, heure française et l'avant dernière chose dont j'ai envie, c'est de courir... En même temps, la dernière, c'est de louper mon avion donc bon...

Et c'est repartit pour 3800kms /5h30 en mode maison de retraite à destination de Jakarta, capitale de l'Indonésie ! Mon estomac cherche à comprendre ce qui lui arrive quand je lui envoie un petit déjeuner à 3h du matin. Contrairement au précédent vol, le paysage extérieur est beaucoup plus appétissant : on survole la Malaisie et les premiers atols indonésiens. Miam !
Par contre, grosse déception au moment de survoler l'équateur, je n'ai pas réussi à apercevoir la ligne noire qu'on voit sur tous les globes (j'hésite à mettre un smiley pour montrer que c'est une blague).



Le vol se passe vite et bien: beaucoup de place pour les jambes (un luxe !) et, pour ne rien gâcher, des hôtesses tawainaises aussi charmantes que souriantes (ce qui est aussi le cas des hôtesses d'Air France évidemment, sachant qu'elles ne sourient jamais).

Avant d'arriver à destination, on nous distribue le traditionnel formulaire d'arrivée à remplir. Pas de questionnaire "êtes vous un ex nazi" à l'américaine mais plutôt une phrase qui retient mon attention sur le premier volet : "Death penalty for drug traffickers under Indonesian law". Et là on se rappelle Michael Blanc en prison depuis 10ans pour avoir tenté de faire rentrer 3kg de hash à Bali... Pas glop.



In Transit - Albert Hammond Jr

Comme si toutes ces heures de vols ne m'avaient pas suffit, j'ai droit à 1h de queue dans la cohue totale pour passer à l'immigration. Pendant ce temps une dizaine de taiwainais jouent des coudes pour remonter la file. Je me fais un grand plaisir de les insulter en anglais quand ils me poussent et me devancent mais ils m'ignorent complètement. Dommage que je ne parle pas chinois.

Il est 14h10 heure locale (soit 8h30 heure française) et après 21h de vols et d'attente, j'entre officiellement sur le sol indonésien ! L'aéroport est tout pourri, tout le monde fume partout (même dans les ascenseurs), des porteurs me hèlent dans tous les sens pour me louer leurs services, il fait chaud, j'ai encore mes fringues d'un mois d'octobre parisien sur moi et je suis tout pouilleux et crevé. Bon ok, ce n'est pas vraiment l'image que je me faisais de l'Indonésie... En même temps, on m'avait mis en garde contre Jakarta et je n'ai pas l'intention d'y rester.

En effet un dernier avion m'attend pour rejoindre la ville de Yogyakarta (Yogya pour les intimes) au milieu de l'île. Depuis Yogya, on peut facilement rayonner pour voir les temples et les volcans les plus intéressants de l'île. Et comme y'a presque 600kms entre les deux villes et que l'état des routes est plutôt incertain, autant faire mon bourgeois et reprendre l'avion!



Évidemment le vol qui décolle dans une heure pour Jogja est déjà complet (je vais finir par croire à une conspiration) et le suivant ne décolle que 5 heures plus tard... J'en profite pour bouquiner un peu dans la salle d'attente de la salle d'embarquement. Quand je lève les yeux, je remarque que pas mal de gens et d'enfants ont les yeux rivés sur moi et qui me sourient. Je comprends que je suis le seul "blanc" dans la pièce et comme il ne doit pas y en avoir souvent qui prennent cette ligne... C'est assez déroutant de se retrouver dans se retrouver pour la première fois dans ce rapport là.

Mon voisin de banquette profite du fait j'ai la tête levée pour me demander d'où je viens, ce que je lis et plein d'autres choses sur la France. D'autres gens se mêlent naturellement à la conversation et on me propose de la brioche faite maison. Mon voisin, qui a une cinquantaine d'années, m'explique qu'il économise depuis 30ans pour s'offrir à sa femme et lui un voyage en Europe. Et pas n'importe lequel: celui à 30 000€/pers pendant lequel on se fait promener pendant 10j dans 7 ou 8 pays différents et où on dort dans des hôtels haut de gamme. Il me dit qu'il rêve de monter sur la Rifle Towel à Berlin (qui après un dessin s'avèrera être la Tour Eiffel à Paris).

Dans deux ans il aura l'argent nécessaire; ce sera leur premier et dernier voyage en dehors de leur pays. Étant donné la différence de niveau de vie, j'ai du mal à me représenter la valeur d'un tel voyage pour eux et me sens vraiment privilégié.

Last Flight - Kasabian

On décolle avec 30 min de retard et le vol dure 1h. Arrivé à Yogya, exténué, je saute dans le premier taxi pour parcourir les 5 derniers kilomètres qui me séparent de mon auberge de jeunesse.

Sur la route, c'est la jungle, la vraie ! Outre le fait qu'on roule à gauche mais ça c'est normal, scooters et voitures déboulent de partout faisant fî des différentes signalisations. Le feu rouge n'est là qu'à titre indicatif et je ne parle pas des angles morts. Sur le trajet, on tamponne légèrement 4 ou 5 scooters pas assez réactifs. Personne ne crie, personne n'est choqué: le chauffeur ne peste même pas face aux queues de poisson dont il est la cible... Je suis trop fatigué pour être effaré.



Une fois à l'auberge de jeunesse, je récupère les clés et m'effondre dans mon lit. La chambre côté rue animée a beau être bruyante, mes 28heures de transit ont raison de moi et m'endors sans demander mon reste.

Et demain !?

Demain, c'est à 4h du mat' par le muezzin (ggrrrr) , visite du palais du sultan, du marché aux oiseaux et première confrontation avec la gastronomie locale !