Homonculus Musicus 2007

mercredi 16 avril 2008


Musique 2007 gossip beirut arcade fire decemberists

Désolé, mais toujours pas de posts sur Berlin à l'horizon. L'Allemagne n'est pourtant pas loin mais le temps manque et les sujets d'actualité affluent avec la nouvelle année. Et si je ne veux pas que mon post soit désuet en l'écrivant dans 6 mois, il prend le pas sur le reste.

Pour votre culture personnel un homoncule (du latin homonculus - homo, -inis : homme diminué ou petit homme) est la représentation des sens et des membres du corps, proportionnelle à la taille qu'ils occupent dans le cerveau humain (un magnifique exemple ici). J'ai trouvé que le principe s'appliquait bien à mon année musicale 2007 et j'ai alors pris quelques minutes pour réaliser le mien ! On sort les carnet et les crayons et on prend des notes, voici l'analyse.

Bodysnatchers

Faste année que cette année 2007. 240 artistes vus sur scène à mon actif (oui je sais c'est énorme), un peu plus de 28 000 chansons écoutées réparties sur presque 150 albums différents... Autant vous dire que le comité de sélection composé de moi (à peu de choses près) a eu du mal à en extraire la substantifique moelle d'artistes méritants.


Si il ne fallait retenir qu'eux :

- Les plus grosses cou****s de 2007 sont sans hésitation celle de Thom Yorke et l'incroyable buzz de Radiohead. Après on aime ou non, mais cet homme là est un fantastique avant-gardiste. Vous n'avez surement pas pu passer à côté du phénomène In Rainbows.
Libérés de leur contrat qui les liait à EMI, le groupe a vu en Internet plus un allié qu'un ennemi où transitent des gigaoctets de contenus illicites. La tendance n'est plus au cd à 18€ acheté dans le megastore du coin, au mp3 drmé d'Universal à 1€ pièce ou à la chasse au bouc émissaire parmi de malchanceux internautes. La solution était si simple que je m'étonne que personne n'y ait pensé avant : pourquoi ne pas proposer l'album gratuitement ou au prix fixé par l'internaute ? Résultat : 1,5 millions d'albums "vendus" en une semaine et 100% de marge pour le groupe quelque soit le prix choisi (à savoir que le groupe touchait 1,4€ par album chez EMI et qu'ils ont un contrat plutôt avantageux par rapport à d'autres... Et après ces pourris se plaignent de la baisse des ventes...).
Le concept a fait parlé de lui. En bien ou en mal : tandis qu'Oasis et Portishead crache séchement dessus, Mac Cartney, NIN, Jamiroquai et de nombreux autres ont promis de s'engager sur la même voie ! Vivement 2008.

- Neon Bible, deuxième album de Arcade Fire, a emporté mon coeur cette année. Ammenés à devenir des légendes du rock de leur vivant, ce collectif baroque canadien à géométrie variable a tout pour réussir et plaire : une intégrité hors du commun, une simplicité contrastant avec le principe du star system et de la grosse tête tellement spécifique au monde du rock, une présence scénique inégalable, un avant gardisme artistique (clips (je ne peux que vous recommander de jeter un oeil à leur clip intéractif ici), pochettes travaillées, packaging original) et évidemment beaucoup de talent.

- Dans leur sillon, Arcade Fire ont laissé une brêche où s'est engouffrée la vague indie, qui a contaminé, de manière irréversible, mon sang ! Mauvais jeu de mots mais l'indie c'est le pied (oui il faut justifier l'homonculus) ! Un nouveau rayon du Virgin s'est ouvert à moi. Je peux maintenant m'approcher de ces gens bizarres avec leurs sacs en bandouillère et leurs lunettes qui ne jurent que par The Smiths, The National et tous ces groupes en The. Groupes demi dieux pour certains qui n'ont pourtant jamais approché les ondes des usinagaz radiphoniques (sans citer de nom). J'en suis même arrivé à lire les Inrockuptibles et encore plus dément : je suis souvent d'accord avec eux...
Wolf Parade, les ensorcelleurs Decemberists, Oh No! Oh My, Mumm-Ra, The Dresden Dolls, Final Fantasy, les Dresden Dolls, The Walkmen, The Postal Service... la liste est longue et elle s'est allongée au fur à mesure des rencontres, des festivals et des concerts que m'a offert ma carte UBU.

- La Girl Rock Power est de retour !! Avec les Cranberries clairement morts, Garbage ruminant dans sa ville natale, Gwen Stefani s'etant mutée en chimère FM, et je m'abstiendrai de qualificatifs pour Courtney Hole au cas où elle viendrait sur ce blog (1 chance sur 1 milliard ce n'est pas à négliger !), Patrick Juvet aurait pu crier à bon escient son hymne fétiche "Où sont les femmes ?".
2007 les a retrouvées aux quatre coins du monde, nous rapportant des mixtures alors inédites. Comment résister aux sons funk, soul, hip hop de The Go! Team portés par un orchestre polyethnique au possible ? Même question pour les explosifs Noisettes leadé par la délicieuse Zimbabwéenne Shingai Shoniwa !

Impossible d'oublier non plus l'impudique et imposante Beth Ditto des Gossip qui, malgré ses 100 kilos, a donné l'un des plus dynamiques et l'un des meilleurs concerts auquel j'ai pu assisté cette année (2007). Un moment sémantiquement rock'n'roll qui ferait sourire Sir Johnny Rotten et justifie son titre de personnalité la plus cool de l'année délivré par le sacro-saint NME.

Pour finir, mon coup de coeur de l'année revient ainsi à des demoiselles : les post-rockeuses d'Electrelane plus exactement, que j'ai découvert beaucoup trop tard puisque récemment séparées. 4 albums à leurs actifs, tous aussi envoûtants les uns que les autres... Je n'écouterai plus The Partisan de Cohen de la même manière à partir de maintenant. (Ah et si quelqu'un connait personellement Mia Clarke, dîtes lui de m'appeler...).

- Dans le même genre (de musique, de destin et de découverte tardive), je tirerai ma révérence au combo d'UNKLE. Un War Stories bourré de featuring absolument étourdissant. Du grand art malheureusement non égalé en live. Au revoir messieurs.

- Notons également le retour en force du folk made in France. Aidés par le succès de groupes comme !Forward Russia!, Of Montreal, I'm From Barcelona, il était dur, l'été dernier, de passer à côté des Hey hey my my ou des mignons Cocoon. Une brise rafraichissante et simple dans ce monde d'accords sophistiqués. Ça a fait du bien. Neil Young, peut être rassuré, la relève est assurée.

- Enfin, certains attentifs auront remarqués que l'épaule gauche de mon Homonculus est occupé par un dessin de singe à l'air malicieux. On le doit à Jamie Hewlett, co-fondateur de Gorillaz, qui, à l'aide de son compatriote de toujours, ont monté le spectacle de plus audacieux et ambitieux de l'année avec leur opéra : Monkey, Journey To The West. J'en avais déjà fait une review que vous pourrez (re)découvrir ici.

Mention spéciale

Avant de terminer, un petit hommage à deux groupes qui ne sont pas sur l'Homonculus mais qui mériteraient le leur tout entier :

- les petits belges de Mud Flow et leur Ryunosuke qui reste pour moi le meilleur album de l'année 2007.
- les légendaires Archive et leur concert à Cannes en compagnie de l'Orchestre Philarmonique de la croisette.

Épilogue

À l'heure où j'écris ces mots, l'année 2008 est déjà bien entamée... Force est de constater que les talents poussent toujours et que l'art musical est en plein essor. Toutefois, pour reprendre les mots d'une confrère rennaise (Sophie si tu me lis), entre les retours 1000 fois réussis de dEUS, Girls In Hawaii et Ghinzu : 2008 sera belge ou ne sera pas... La suite dans un an !