J6 - Palenque

dimanche 3 août 2008

Je profite de quelques minutes de répit entre deux coups de serpillère (grand ménage de printemps oblige) pour m'acquitter de ma tâche. C'est officiel, je ne pourrai pas mener à bien ma mission avant mon départ pour la Californie... J'aurais mon portable avec moi, si j'ai le courage, entre deux conférences, j'essayerai de terminer tout ça...

Nous sommes le mercredi 25 juin, il est 7h30 du matin. Réveil un peu violent et sans petit déjeuner pour rejoindre les ruines de Palenque à une poignée de kilomètres de l'hôtel. Comme d'habitude, chaque réveil est suivit d'un compte des piqures de moustique : depuis plusieurs jours Anne Cécile nous écrase à plates coutures avec ses 45 boutons. Avec ses 2 marques (en phase d'effacement), Isabelle s'impose comme la spécialiste du repelente (répulsif).

In This Temple - Sufjan Stevens

La seconde semaine étant consacrée aux Caraïbes, Palenque était la dernière étape de notre "parcours maya", les dernières grosses ruines que nous avions prévu de visiter. Un jour pour y aller et un jour pour en revenir, on a évidemment hésité très longtemps avant de l'inclure à notre voyage... Avec du recul, je dois dire que l'on a bien fait... La beauté des ruines que nous avons visité allant crescendo, ce site constituait le summum ! Mon coup de cœur du voyage !


Vue d'ensemble.

Palenque signifie "entouré d'arbres" et porte bien son nom. Au pied des montagnes du Chiapas et enfouie sous la jungle, il s'agit de la plus grande cité maya au Mexique. Un temple sur chacune des petites collines, la forêt vierge autour et des nappes de brume d'où émergent des silhouettes d'un autre temps... Bref, vous l'aurez compris, c'est un site absolument magnifique !


Brume matinale.

Contrairement à Uxmal et Chichen Itza, pas d'immenses pyramides ou de temple aux milliers de colonnes. Les proportions sont beaucoup plus humaines et laissent deviner que le rôle politique de la cité n'était que secondaire. Découverte par hasard il y a 200ans lors d'une expédition, elle a été la chimère de nombreux aventuriers. Certains y ont vus l'Atlantide, d'autres un avatar de la civilisation égyptienne... En 1830, un Lord anglais séjourna 2 ans au milieu des pyramides et dilapida sa fortune à essayer de prouver que les mayas descendaient des dix tribus perdues d'Israël (??!). En résultèrent 9 immenses volumes qui ne trouvèrent jamais d'éditeurs et menèrent leur auteur au suicide... Les histoires comme celles-ci sont encore nombreuses.

Petit tour commenté des lieux :


Le Temple des Inscriptions.

- le Temple des Inscriptions : le premier édifice important en entrant. Il se dresse au sommet d'une pyramide de 22m et doit son nom aux textes qui couvrent les murs et les piliers. Ces 617 glyphes en font le texte maya le plus long découvert. En 1949, les archéologues ont dégagé un escalier secret qu'ils les mena au tombeau du roi Pacal, premier monarque de la cité, qui régna jusqu'à 100ans (courageux le vieux)...


De gauche à droite : Les couloirs labyrinthiques du Palais - L'observatoire solaire.

- le Palais : il n'en reste plus que des tunnels souterrains ou non formant un immense labyrinthe. Au milieu, une tour, en phase de rénovation, qui servait à l'observation du soleil et des astres.


Le temple du Lord.

- Le Temple du Lord : Il semble que c'est dans ce temple qu'avait choisit pour demeure notre Lord anglais (cf plus haut).

Les photos ci dessus représentent la partie actuellement dégagée du site, soit une infime fraction de la zone archéologique, qui s'étend dans la forêt et que l'on estime d'une longueur de 6 à 8kms.


De gauche à droite : Welcome to the jungle - Ce sont des singes (au milieu des cercles rouges) - Jolie entrée de temple.

On peut atteindre quelques unes de ces structures en s'enfonçant un peu au cœur de la végétation tropicale. Comme nous le font remarquer une dizaine de singes hurleurs qui se baladent à la cime d'immenses arbres, la flore et la faune y ont repris leurs droits depuis plusieurs siècles.


De gauche à droite : Un long escalier pour atteindre la cascade - un vestige enseveli - la cascade.

En descendant la colline on atteint de nombreux vestiges de ruines qui émergent de leur gangue de verdure. Elles bordent une jolie cascade et sa rivière que l'on peut traverser à l'aide d'un petit pont suspendu. Évidemment, avec un cadre comme celui-ci, difficile de pas se prendre pour Indiana Jones !


Le temple maudit ? La dernière croisade ? Nonon Isa et Anne Cécile qui font les aventurières pour les besoins de la photo...

I Want To Be Free - Queen

Après tant d'intrépides aventures, 1,5km de lacets de montagne à la marche parce qu'on s'est trompés de sortie, et un estomac qui crie famine, il était temps de passer à la pause déjeuner. À quelques pas des ruines, se trouve un chouette restaurant conseillé par le Guide du Routard. Il parait que leur poulet sauce molle est le meilleur de la région. L'occasion rêvée pour gouter cette fameuse recette mexicaine à base de cacao. Un délice en effet !


Poulet sauce molle.

Tant qu'à avoir fait un jour de voiture pour atteindre Palenque, autant en profiter, maintenant que nous y sommes, pour découvrir les autres attraits de la région. Un peu plus au sud, vers San Cristobal, se trouve le rio Xumulha, jolie rivière à l'eau azur qui, malmenée par les reliefs montagneux du Chiapas, offre des sites naturels fantastiques : le plus proche, la cascade de Misol-Ha.



Chute d'eau de 30m qui tombe dans un très beau bassin. Derrière la cascade, après avoir un peu joué les Tomb Raider, on pénètre dans une grotte assez profonde où sont incrustés des fossiles dans la roche. Malheureusement, une fois dans la caverne, n'ayant pas de lampes sur nous, nous faisons confiance à ce qui est écrit dans le guide. Pas grave, on reviendra demain, bien équipés, pour ne rien louper.


De gauche à droite : vue globale sur la cascade ; en haut à droite, on aperçoit la grotte - vue sur la grotte

Quoiqu'il en soit on se rattrape en nageant dans le bassin... L'eau est superbe, on aperçoit des poissons peu farouches nageant à nos côtés et on se pose sur quelques gros rochers près de la surface, en plein milieu, pour dorer au soleil ! Un endroit absolument fabuleux ! Décidément, le Chiapas est une région superbe et surprenante !

Hummingbird - Cocoon

Le reste de l'après midi est de nouveau l'occasion de se reposer : on fait quelques courses dans un supermarché type Lidl (et je me fais presque avoir en voulant acheter de la bière... même bouteille, même étiquette que la Corona, mais c'était de la Corolina... fourbe), on récupère notre linge auprès de la blanchisserie de l'hôtel (bah oui faut pas déconner non plus) et allons diner.

Basse saison oblige, nous sommes, comme souvent, les seuls clients du restaurant. Du coup, on dirait que le staff cherche à nous mettre à l'aise en passant de la musique française chantée par une espagnole... À vrai dire, même maintenant, je ne peux pas jurer que c'était vraiment du français... jusqu'à que ce que survienne des paroles beaucoup plus compréhensibles : "J'ai la peau douce, dans mon bain de mousse..." Argh Alizée !! Qu'est ce qu'elle fout là elle ? Décidément, le Chiapas est une région surprenante !

Il est temps d'aller se coucher ! La France est encore à l'honneur, à la télé cette fois : en effet, ils diffusent "Un Long dimanche de fiançailles" en VO. Excellent, je ne l'avais pas encore vu.

Et demain !?

Demain, ben pas grand chose car à cause d'un orage fantastique toute la nuit, on n'a pas pu faire ce qui était prévu. Peut être que je condenserai pour faire 2 jours en un bulletin. À demain.

J5 - Campeche

vendredi 1 août 2008

Nous sommes le mardi 24 juin, notre 5ème jour sur le 90ème méridien. Pour une fois, pas besoin de se lever à l'aube. La journée sera pourtant longue mais ne consistera "qu'à" parcourir les 700kms qui nous séparent de Palenque et de ses ruines réputées superbes. Temps de trajet estimé : 7h !

La mission est périlleuse : ne trouvant des stations service que tous les 250kms en moyenne et étant donné l'absence relative de signalisation, il est aisé de se tromper de route ou de louper une sortie. Heureusement, Edgar, le gérant de l'hôtel d'Uxmal, nous prescrit un itinéraire aux petits ognons qui nous permet de longer la côte du Golfe du Mexique pendant plus de 2h, et de faire une halte déjeuner à Campeche.


View Mexico 2008 - Day 5 - Palenque in a larger map

For I Am The Way - Queen Adreena

La première partie du trajet consiste alors à rejoindre Campeche dans l'état de Campeche, soit à 2h30 de route. Et qui dit changement d'état, dit nécessairement barrage militaire et fouille complète. On n'y échappe évidemment pas. Heureusement le soldat qui s'occupe de nous est plutôt compatissant ; et il vaut mieux car entre Anne Cécile qui lui dit "Hola!" (salut !) et Isabelle qui le tutoie en espagnol, on est loin de respecter le protocole.


De gauche à droite : Petit aperçu sur la tourelle automatique en sortie de barrage - Oh les gentils messieurs armés jusqu'aux dents. (Note : ces photos ne sont pas de moi, courageux mais pas téméraire).

L'arrivée à Campeche se fait sans encombre, le temps est au beau fixe et la température frôle les 40° (à l'ombre). Une belle journée qui s'annonce ! Ces dernières années, la ville a entrepris une vaste opération de sauvetage du centre historique : les anciennes maisons coloniales ont été rénovées et les façades peintes de plusieurs couleurs aux tons pastel.


De gauche à droite : l'église coloniale - la place principale et ses façades pastels.

Dommage que malgré sa situation de ville côtière, on ne puisse pas profiter des plages aux alentours. En effet, la région est la plus grande productrice de pétrole du pays, et les raffineries un peu plus bas au sud ouest, polluent allègrement la mer sans que personne n'ose s'opposer à la toute puissante Pemex (entreprise qui a le monopole de l'exploitation pétrolière et des stations service au Mexique). Au passage, tant que j'y pense, je me permets de préciser que, grâce à ces gisements, le Mexique est auto suffisant en terme de production pétrolière (vu le nombre de voitures c'est pas bien dur), ce qui le rend insensible aux flambées des prix qui sévissent un peu partout. Pour preuve, le plein du PT Cruiser pour 600kms coutait aux alentours de 20€.

Un dernier mot à propos de la ville : le terme campecheno est devenu un adjectif courant au Mexique, utilisé pour décrire une personne aimable, ouverte et cordiale. Même si notre halte fut courte, il est vrai que contrairement à nos précédentes étapes, les gens ne nous dévisagent pas ou ne murmurent pas "gringos" en nous voyant passer. Le coin n'est pas spécialement touristique et nous nous fondons avec plaisir dans la masse.

Leave Me There - An Pierlé

Une fois rassasiés, il est temps d'accomplir les 450kms restants. La première moitié, le long du Golfe du Mexique est on ne peut plus agréable : des palapas de fortune ont été aménagées tout le long des plages pour que familles ou groupes d'amis viennent se baigner. Le bleu de l'eau ne vaut pas celui des Caraïbes mais se défend bien quand même.

D'autres ont du se faire la même réflexion, et surement des promoteurs immobiliers, car un peu plus au sud, nous croisons les fondations d'un chantier d'un grand complexe hôtelier baptisé le "Nouveau Cancun"... Décidément, ils ne s'arrêteront pas tant qu'il restera un bout de côte à exploiter...



Malheureusement nous ne pouvons nous attarder dans le coin que le temps de faire quelques photos. Et finalement, ce n'est pas plus mal, car nous nous faisons encore surprendre par un de ces orages sortis de nulle part, aussi court que violent. Il faut bien, de temps en temps, justifier qu'on est en pleine saison des pluies.


Mieux que Moïse, la voiture qui roule sur les flots.

Déjà que la plupart des maisons mexicaines sont à même la terre et se transforment en pataugeoire de boue à la première averse, autant rêver pour avoir des systèmes d'évacuation d'eau dignes de ce nom sur la route. Résultat, nous sommes obligés de rouler au pas pour espérer ne pas noyer le moteur en passant dans un nid de poules trop creusé... L'aventure, la vraie !

Pour rejoindre Palenque, il est nécessaire de traverser l'état de Campeche et une partie de celui du Chiapas, état le plus pauvre du Mexique où 80% de la population n'a ni accès à l'eau potable ni aux hôpitaux. Même si avec le général Marcos, le vent de la révolte souffle, il n'en reste pas moins sans un statut préoccupant.

Cela se ressent tout d'abord sur les routes, qui, à mesure que nous nous enfonçons dans le Sud, se dégradent et deviennent rapidement périlleuses. Additionnons à ça que la région est montagneuse et parsemée de lacets sans visibilité. Sans oublier, la conduite douteuse des Mexicains... Bienvenue en enfer : des personnes qui roulent en plein milieu de la route pour éviter les nids de poule des accotements, et qui ne se rangent pas quand vous arrivez en face, des dépassements alors qu'on arrive en face et passage en force à 3... et je passe sur les panneaux cachés derrière des bouts de jungle qui nous font louper la sortie...


Sur la route de l'enfer

Le bât blesse également en matière de scolarisation puisque plus de 50% des enfants ne sont jamais allés à l'école. À la place, comme on a pu les constater, ils font des petits jobs : de laveur de voiture sur les parkings, à pompiste dans les stations service.

Je crois que j'ai réalisé pleinement la situation, quand on s'est arrêté à une station en plein milieu de nulle part, pour reprendre de l'essence et s'orienter un peu. Après qu'il ait fait le plein du véhicule, nous avons demandé à un adolescent, carte de la péninsule en main, où nous étions exactement. "
Palizada" nous a t-il répondu. Ne trouvant pas de villes de ce nom sur le plan, nous lui avons demandé de la pointer : je crois qu'il n'avait jamais vu de cartes de son pays à ce jour... et nous a désigné une ville quelconque sur la côte Caraïbes à 800kms de là...

Reise, Reise - Rammstein

Heureusement pour nous, nous étions bien sur la bonne route. Le trajet aura, au final, duré 1h30 de plus que prévu, et nous fera fait arriver peu avant la nuit (qui se couche très tôt ici puisqu'on n'est pas très loin de l'équateur). Évidemment, quand on s'arrête aux barrages militaires même quand on nous dit de passer, dur de respecter les délais !

La soirée est au repos et à la découverte des programmes télévisés mexicains : quelque soit la chaine ce sont toujours les mêmes 4 publicités qui tournent en boucle. Entre deux navets en espagnol starring Jean Claude Van Damme (ça vaut le détour), on s'endort devant "4 mariages et un enterrement" en VOST.

Inclassables

Quelques photos insolites :


De gauche à droite : Un bled au nom bien trouvé ! - Un couteau suisse et une serrure (soit disant) à l'envers et le Nicolas est occupé pour une bonne heure... Réussite de l'opération ? 0%

Et demain ?

Demain vous découvrirez à quoi ressemble un singe hurleur, les plus belles ruines du Mexique et comment on retrouve Alizée (la chanteuse) au fin fond du pays... À demain alors !