Pixar: 25 Years Of Animation Exhibition - Oakland

mercredi 20 juillet 2011

06 aout 2010, déjà 20 jours que nous sommes sur le territoire américain et pourtant le meilleur reste encore à venir ! Pour cette dernière semaine, nous sommes accueillis chez des amis à Oakland, avec au programme: cours de surf dans la baie (brrr), découverte de San Francisco par Anne-Cécile et visite du Oakland Museum Of California... À première vue, ce dernier point n'a pas l'air particulièrement excitant et pourtant je l'attends depuis des mois. Non pas que je me passionne pour l'histoire de la Californie ou encore pour ses peintres qui sévissaient pendant le Far-West...



En fait, il se trouve que depuis une semaine, le musée accueille l'exposition-anniversaire célébrant les 25ans du studio Pixar. Mais si voyons, Pixar ! Les gens qui font cuisiner des rats et voler des maisons ! Après avoir investit les musées du monde entier pendant 5ans (NY, Tokyo, Melbourne...), Pixar a décidé de rapatrier son exhibition dans sa ville d'origine pour y fêter son quart de siècle. L'enrichissant au passage de nombreuses œuvres inédites relatives à leurs dernières productions (Toy Story 3, Up, Walle et Ratatouille)) et la renommant simplement en Pixar: 25 Years Of Animation (à la place de 20 initialement).

Certains se passionnent pour les chats, d'autres pour les timbres; moi c'est Pixar. Comme quoi le hasard fait bien les choses parfois.

New Genius - Gorillaz

Contrairement à ce que l'on pourrait attendre d'une telle exposition, pas une seule image 3d ou extrait de film à l'horizon. En effet peu de personnes le savent mais, chez Pixar, il y a quasiment autant d'artistes qui travaillent selon des méthodes traditionnelles - dessin, peinture, pastel, sculpture - que sur ordinateur. Ces artworks, réalisés pendant la phase de développement du projet, joueront un rôle central dans le processus de design des personnages, des décors et de l'histoire des films que l'on connait aujourd'hui.

Si le film, lui, est diffusé aux quatre coins du monde, ce n'est pas le cas de toutes ces œuvres d'art, sans qui pourtant rien n'aurait été possible. Cette exposition est donc l'occasion pour Pixar de dévoiler la face cachée de ses petits bijoux cinématographiques et de partager avec nous le talent et la créativité de ses artistes de l'ombre.



Pour être tout à fait objectif (autant que cela soit possible), je dois avouer que l'exposition m'a bluffé. Je savais que ces gens étaient doués mais j'étais encore loin du compte. Des années et des années de dessins, de peintures et des sculptures s'étalent devant nous : modifiées, revisitées, abandonnées, re-modifiées, jusqu'à ce que les personnages prennent vie et tissent leurs lignes de l'histoire. Les 500 oeuvres exposées ici transpirent littéralement le temps passé, la passion, la précision et la recherche qui ont permis de transformer une simple idée en 90 minutes de magie... Chapeau bas messieurs-dames !

Répartie sur une surface de presque 1000m² et divisée en trois parties - personnages, mondes et histoires -, l'exposition rend hommage aux 11 longs métrages du studio (et à ses meilleurs courts métrage) à grands coups d'acryliques, de gouaches, d'aquarelles, de sculpture ou tout simplement de crayonnés. Bon, je me tais et je vous laisse apprécier ces 25ans de spectacle.

Enter The Characters - Customs

Surement ma section préférée ! Outre les amusants différents essais de design de personnage non retenus (Buzz a échappé au pire), nous sommes restés bluffés par les sculptures en argile réalisés par le talentueux Greg Dykstra. À tel point, qu'Anne-Cécile a voulu se mettre à la sculpture en rentrant en France ! Les sculptures serviront ensuite de références aux artistes 3d pour modéliser le personnage et l'animer.



Cliquez sur une des photos pour profiter pleinement des détails !

On s'extasie également devant les différentes expérimentations et étapes d'évolution des designs des personnages. Mon esprit conditionné a du mal à se dire qu'il aurait pu apprécier autant un Sully ou un Buzz différent.


De gauche à droite: un pittoresque essai de Buzz Lightyear - des essais de textures sur un Sully presque def - le premier dessin de Carl, le héros de Up (réalisé par Pete Docter, le réalisateur).

Et une chouette série de planches et de recherches sur Remy, le héros de Ratatouille :







Beautiful World - Archive

Chez Pixar, les décors font également partie intégrante des films et requièrent la même attention qu'un personnage. À tel point que pour chaque nouveau film, le studio envoie ses artistes aux quatre coins du monde pour s'immerger dans l'ambiance : plongées sur la barrière de corail australienne pour Nemo, dîners dans les plus grands restaurants parisiens pour Ratatouille, randonnées au Nicaragua pour Up, dans une décharge pour Toy Story 3 (sic)... Et bien sûr, comme toujours, le résultat est fantastique :




Et une mention spéciale pour les spectaculaires dessins au fusain de Simón Vladimir Varela. Destinés à contraster avec les premières scènes du film pleine de couleurs et heureuses, ces dessins permettent de refléter l'ambiance angoissante et noire du milieu du film Finding Nemo. Mission réussie...



The Story Was Best Left Untold - Mudflow

Quand on parle de story, on pense d'abord logiquement aux story-boards - le musée en exposait d'ailleurs plusieurs plutôt intéressants:


De gauche à droite: le story de la scène d'ouverture de Toy Story 3 (incroyablement détaillé) - le story d'une des premières scènes de Up.

Toutefois, dans les studios d'animation, il y a un second support de première importance. À ce propos, depuis quelques années, j'ai d'ailleurs beaucoup d'admiration pour un artiste nommé Daisuke Tsutsumi qui a rejoint Pixar récemment en tant que Colorscript artist. Les colorscripts sont des planches qui servent à exprimer la vision qu'a le réalisateur sur l'histoire en terme de couleurs, lumières et émotions. Si ça vous parait abstrait, je vous laisse vous émerveiller sur quelques réalisations du jeune homme, à qui le musée d'Oakland a fait la part belle:




Et pour mieux illustrer le colorscript dans le process complet :



De gauche à droite, de haut en bas : le story board - le colorscript (par D. Tsutsumi) - la 3d - le rendu final.

C'est d'ailleurs intéressant de voir que, d'un film sur l'autre, les colorscipts sont produits sur différents types de médiums (marqueur, pastel, peinture, collage) et dans des styles très différents :



De gauche à droite, de haut en bas : The Incredibles (collage) - Wall-E - Up - Cars (au pastel: particulièrement impressionant).

Bref, ça poutre !

24 images / seconde - La Ruda Salska

Pour ne pas nous laisser sur notre faim, la visite se clôture par une collection d'écrans tactiles diffusant, à la demande, des heures et des heures de vidéos d'interview d'artistes ou de making of exclusifs. Installés confortablement, il y a largement de quoi occuper l'après-midi toute entière. Sauf que, quelques pas plus loin, une étonnante installation détourne notre attention. Il y est écrit Zoetrope et ça fait de la lumière et du bruit : il n'en fait pas plus pour attirer les grands enfants que nous sommes.

Et là, c'est l’apothéose ! L'idée est simple comme bonjour mais la réalisation est absolument brillante... Comme ni mots, ni photos ne suffiront à décrire cet engin magique, je vous invite fortement à vous poser 2 minutes et à regarder la vidéo suivante. Je vous garantis que ça vaut le détour :



Et je me permettrait de conclure ce post par une jolie citation de John Lasseter, réalisateur et fondateur de Pixar, et qui résume parfaitement tout ce que nous venons de voir :  "Computers don't create computer animation any more than a pencil creates pencil animation. What creates computer animation are artists."

Et Demain !?

Demain, nous aurons l'immense honneur de visiter les locaux des talentueux artistes qui ont produit les oeuvres d'art de cette exposition. En route pour les studios Pixar !

Aknowledgements

Comme on ne pouvait malheureusement pas prendre de photos à l'intérieur de l'exposition, j'ai du requérir à la grande toile du web pour illustrer ce post. Comme je suis un gentil garçon bien élevé, je cite mes sources:
- Deborah Coleman, photographe officielle du studio
- Juxtapoz Magazine (avec une très chouette review d'ailleurs)
- Figures et sa très complète galerie.