J5 - Campeche

vendredi 1 août 2008

Nous sommes le mardi 24 juin, notre 5ème jour sur le 90ème méridien. Pour une fois, pas besoin de se lever à l'aube. La journée sera pourtant longue mais ne consistera "qu'à" parcourir les 700kms qui nous séparent de Palenque et de ses ruines réputées superbes. Temps de trajet estimé : 7h !

La mission est périlleuse : ne trouvant des stations service que tous les 250kms en moyenne et étant donné l'absence relative de signalisation, il est aisé de se tromper de route ou de louper une sortie. Heureusement, Edgar, le gérant de l'hôtel d'Uxmal, nous prescrit un itinéraire aux petits ognons qui nous permet de longer la côte du Golfe du Mexique pendant plus de 2h, et de faire une halte déjeuner à Campeche.


View Mexico 2008 - Day 5 - Palenque in a larger map

For I Am The Way - Queen Adreena

La première partie du trajet consiste alors à rejoindre Campeche dans l'état de Campeche, soit à 2h30 de route. Et qui dit changement d'état, dit nécessairement barrage militaire et fouille complète. On n'y échappe évidemment pas. Heureusement le soldat qui s'occupe de nous est plutôt compatissant ; et il vaut mieux car entre Anne Cécile qui lui dit "Hola!" (salut !) et Isabelle qui le tutoie en espagnol, on est loin de respecter le protocole.


De gauche à droite : Petit aperçu sur la tourelle automatique en sortie de barrage - Oh les gentils messieurs armés jusqu'aux dents. (Note : ces photos ne sont pas de moi, courageux mais pas téméraire).

L'arrivée à Campeche se fait sans encombre, le temps est au beau fixe et la température frôle les 40° (à l'ombre). Une belle journée qui s'annonce ! Ces dernières années, la ville a entrepris une vaste opération de sauvetage du centre historique : les anciennes maisons coloniales ont été rénovées et les façades peintes de plusieurs couleurs aux tons pastel.


De gauche à droite : l'église coloniale - la place principale et ses façades pastels.

Dommage que malgré sa situation de ville côtière, on ne puisse pas profiter des plages aux alentours. En effet, la région est la plus grande productrice de pétrole du pays, et les raffineries un peu plus bas au sud ouest, polluent allègrement la mer sans que personne n'ose s'opposer à la toute puissante Pemex (entreprise qui a le monopole de l'exploitation pétrolière et des stations service au Mexique). Au passage, tant que j'y pense, je me permets de préciser que, grâce à ces gisements, le Mexique est auto suffisant en terme de production pétrolière (vu le nombre de voitures c'est pas bien dur), ce qui le rend insensible aux flambées des prix qui sévissent un peu partout. Pour preuve, le plein du PT Cruiser pour 600kms coutait aux alentours de 20€.

Un dernier mot à propos de la ville : le terme campecheno est devenu un adjectif courant au Mexique, utilisé pour décrire une personne aimable, ouverte et cordiale. Même si notre halte fut courte, il est vrai que contrairement à nos précédentes étapes, les gens ne nous dévisagent pas ou ne murmurent pas "gringos" en nous voyant passer. Le coin n'est pas spécialement touristique et nous nous fondons avec plaisir dans la masse.

Leave Me There - An Pierlé

Une fois rassasiés, il est temps d'accomplir les 450kms restants. La première moitié, le long du Golfe du Mexique est on ne peut plus agréable : des palapas de fortune ont été aménagées tout le long des plages pour que familles ou groupes d'amis viennent se baigner. Le bleu de l'eau ne vaut pas celui des Caraïbes mais se défend bien quand même.

D'autres ont du se faire la même réflexion, et surement des promoteurs immobiliers, car un peu plus au sud, nous croisons les fondations d'un chantier d'un grand complexe hôtelier baptisé le "Nouveau Cancun"... Décidément, ils ne s'arrêteront pas tant qu'il restera un bout de côte à exploiter...



Malheureusement nous ne pouvons nous attarder dans le coin que le temps de faire quelques photos. Et finalement, ce n'est pas plus mal, car nous nous faisons encore surprendre par un de ces orages sortis de nulle part, aussi court que violent. Il faut bien, de temps en temps, justifier qu'on est en pleine saison des pluies.


Mieux que Moïse, la voiture qui roule sur les flots.

Déjà que la plupart des maisons mexicaines sont à même la terre et se transforment en pataugeoire de boue à la première averse, autant rêver pour avoir des systèmes d'évacuation d'eau dignes de ce nom sur la route. Résultat, nous sommes obligés de rouler au pas pour espérer ne pas noyer le moteur en passant dans un nid de poules trop creusé... L'aventure, la vraie !

Pour rejoindre Palenque, il est nécessaire de traverser l'état de Campeche et une partie de celui du Chiapas, état le plus pauvre du Mexique où 80% de la population n'a ni accès à l'eau potable ni aux hôpitaux. Même si avec le général Marcos, le vent de la révolte souffle, il n'en reste pas moins sans un statut préoccupant.

Cela se ressent tout d'abord sur les routes, qui, à mesure que nous nous enfonçons dans le Sud, se dégradent et deviennent rapidement périlleuses. Additionnons à ça que la région est montagneuse et parsemée de lacets sans visibilité. Sans oublier, la conduite douteuse des Mexicains... Bienvenue en enfer : des personnes qui roulent en plein milieu de la route pour éviter les nids de poule des accotements, et qui ne se rangent pas quand vous arrivez en face, des dépassements alors qu'on arrive en face et passage en force à 3... et je passe sur les panneaux cachés derrière des bouts de jungle qui nous font louper la sortie...


Sur la route de l'enfer

Le bât blesse également en matière de scolarisation puisque plus de 50% des enfants ne sont jamais allés à l'école. À la place, comme on a pu les constater, ils font des petits jobs : de laveur de voiture sur les parkings, à pompiste dans les stations service.

Je crois que j'ai réalisé pleinement la situation, quand on s'est arrêté à une station en plein milieu de nulle part, pour reprendre de l'essence et s'orienter un peu. Après qu'il ait fait le plein du véhicule, nous avons demandé à un adolescent, carte de la péninsule en main, où nous étions exactement. "
Palizada" nous a t-il répondu. Ne trouvant pas de villes de ce nom sur le plan, nous lui avons demandé de la pointer : je crois qu'il n'avait jamais vu de cartes de son pays à ce jour... et nous a désigné une ville quelconque sur la côte Caraïbes à 800kms de là...

Reise, Reise - Rammstein

Heureusement pour nous, nous étions bien sur la bonne route. Le trajet aura, au final, duré 1h30 de plus que prévu, et nous fera fait arriver peu avant la nuit (qui se couche très tôt ici puisqu'on n'est pas très loin de l'équateur). Évidemment, quand on s'arrête aux barrages militaires même quand on nous dit de passer, dur de respecter les délais !

La soirée est au repos et à la découverte des programmes télévisés mexicains : quelque soit la chaine ce sont toujours les mêmes 4 publicités qui tournent en boucle. Entre deux navets en espagnol starring Jean Claude Van Damme (ça vaut le détour), on s'endort devant "4 mariages et un enterrement" en VOST.

Inclassables

Quelques photos insolites :


De gauche à droite : Un bled au nom bien trouvé ! - Un couteau suisse et une serrure (soit disant) à l'envers et le Nicolas est occupé pour une bonne heure... Réussite de l'opération ? 0%

Et demain ?

Demain vous découvrirez à quoi ressemble un singe hurleur, les plus belles ruines du Mexique et comment on retrouve Alizée (la chanteuse) au fin fond du pays... À demain alors !