J4 - Uxmal

jeudi 31 juillet 2008

Rhaa, je ne vais pas y arriver. Je voulais absolument terminer ma review du Mexique avant de partir à Los Angeles, mais je vois que le départ se rapproche et qu'il va falloir que j'écrive tous les soirs si je veux respecter les délais. Courage.

Nous sommes le lundi 23 juin, il est 7heures du matin et nous profitons de la fraicheur matinale pour prendre notre petit déjeuner, sur la terrasse de l'hotel enfouie sous la jungle. Il fait 28 petits degrés... Heureusement que nous sommes en pleine saison des pluies, et qu'une fois la nuit tombée, de courts mais violents orages se donnent pour mission de rafraichir ce pays de fous.

Aujourd'hui nous sillonnerons la Ruta Puuc, route qui relie entre elles de nombreuses ruines appartenant autrefois à une même unité politique et religieuse, au style architectural commun appelé Puuc. On en dénombre une vingtaine au total, inscrites au Patrimoine de l'Humanité, mais il en existe surement beaucoup d'autres, oubliées des mayas eux mêmes, enfouies sous la forêt et attendant d'être découvertes. Parmi celles retrouvée, domine le site d'Uxmal, première étape de la journée.


View Mexico 2008 - Day 4 - Ruta Puuc in a larger map

I Know I'll Never Leave - The Zutons

Du haut de ses 20 000 habitants, Uxmal a joué dans la région, entre les VIIème et Xème siècles, un rôle comparable à celui de Chichen Itza entre le Xème et XIIème siècle. Elle était ainsi capitale politique, militaire et religieuse.


De gauche à droite : l'immense pyramide du devin vue de devant - vue de derrière.

Contrairement à Chichen Itza, ici, les proportions sont plus humaines et on est beaucoup plus sensible à l'harmonie des lieux. Le site est remarquable par son paysage vallonné, ses monuments et la beauté de son architecture : des frises finement sculptées au sommet des édifices. Chac, le dieu de la pluie, y est omniprésent, et pour cause : même si, comme en témoigne la signification maya du nom du site, on est sur "le lieu des récoltes abondantes", il n'y a pourtant ni rivière, ni lac, pas même de cenotes. Ainsi, les mayas développèrent des systèmes de récupération et de stockage d'eau, dont l'approvisionnement dépendait de la saison des pluies.


En bas à droite, sous les dalles de plastique, un système de drainage afin de ne pas perdre la moindre goutte

Petit tour du propriétaire :

- La pyramide du Devin (cf photos au dessus) : Juste après l'entrée, difficile de la louper. Selon la légende, elle aurait été érigée en un nuit par un nain aux pouvoir magiques, alors qu'il venait d'accéder au trône (oui oui, bien sûr, et la marmotte...). Avec ses 35m de haut, elle est plus haute que celle de Chichen. Sa forme ovale est unique au Mexique.


De gauche à droite : Vue sur le carré des oiseaux - Petit plan rapproché sur les frises sculptées

- Le carré des Oiseaux : derrière la pyramide une superbe cour ensoleillée dont les murs sont recouverts de milliers de sculptures : d'oiseaux bien sûr, mais aussi de masques du dieu Chac, de serpents entrelacés, de motifs floraux et géométriques... Malgré tous ces indices, on ignore encore sa fonction. Avec ses 74 portes tout autour, je lui trouve des faux airs de couvent... Le fait que ça n'existait pas chez les Mayas remet en cause ma théorie mais bon...


Le jeu de pelote

- Le jeu de pelote : tout petit et pas en très bon état... mais comme je trouvais ma photo jolie, je me suis senti obligé d'en parler...


De gauche à droite : Vue sur le palais - Vue de la pyramide du devin depuis le palais

- Le Palais du Gouverneur : y'a pas à dire, le Gouverneur se faisait pas chier ! Et il y a fort à parier qu'il servait des Ferrero Rocher™ pour réussir ses réceptions. Long de 100m, aujourd'hui encore, il est considéré comme un chef d'œuvre d'architecture. Ses proportions répondent à la fameuse loi grecque du nombre d'or.


De gauche à droite : La grande pyramide - Vue sur le site depuis la pyramide - Isabelle et Anne Cécile dans "les joies de la perspective".

- La Grande Pyramide : 32m de haut et construite sur une grande colline, elle offre une vue imprenable sur le site et la jungle qui s'étend à perte de vue tout autour.



- Le Temple des Phallus : sous une palapa, une quinzaine de phallus en piteux état (qui ont du trop servir). Je sais pas vous, mais je les trouve un peu prétentieux ces mayas.

Avant de partir d'Uxmal, nous refaisons un petit point Mastercard. Toujours impossible de retirer pour cause de fonds insuffisants et toujours pas de débits bizarres sur mon compte... Heureusement, Isa est là pour assurer les arrières...

It's The Hard Knock Life - Andrea Mc Ardle

Afin d'éviter l'overdose de ruines, nous nous limitons à ne visiter qu'un temple supplémentaire. Grâce au charme de ses monuments, sa terre de couleur ôcre et son côté sauvage, ce sera celui de Labna qui retiendra notre attention.



De gauche à droite, de haut en bas : La terre ocre et le palais - Le mirador (qui tient par miracle sur ce monticule de pierres) - Le plus gros iguane qu'on verra au Mexique (une belle bête) - La porte d'entrée principale de l'époque - La sacbe, voie sacrée

Driven Under - Seether


Officiellement, c'est une route. Et officiellement ce sont des nids de poule meurtriers.

Pour conclure la journée en beauté, nous décidons de changer de thème ! Finis les ruines pour aujourd'hui, place à la spéléologie et aux Grottes de Loltùn. Mais, avant tout, comme tout bon spéléologue qui se respecte, il faut d'abord se remplir le ventre.

Après une vingtaine de kilomètres, sur quelque chose qu'on appellera plutôt "chemin de terre au milieu de la pampa bombardé de nid de poules géantes" que route, nous arrivons sur le site des grottes, faisant face à un charmant petit restaurant. Celui ci s'auto-proclame "El mejor del mundo Maya"... Alors, soit c'est le seul qui existe encore (et dans ce cas, ne cherchez plus pourquoi les mayas se sont éteints ; rien à voir avec les conquistadors), soit c'est la pire publicité mensongère que j'ai vu de ma vie (et que je verrai). Les images se passent de commentaires.


De gauche à droite : El mejor del Mundo Maya ! Bizarre qu'il soit pas dans le Routard celui-ci - Ah oui je comprends... il parait que c'est du bœuf là dessous.

Heureusement, la visite des grottes nous fera vite oublier cet incident de parcours gastronomique. Découvertes en 1888 par Edward Thomson et visitables depuis seulement 10ans, les grottes de Loltun permettent d'admirer l'art rupestre des premiers hommes du néolithique qui les utilisaient comme abri.

Durant la visite, qui est mené par un sympathique guide, on descend jusqu'à 70m de profondeur parmi les stalactites et les stalagmites. D'ailleurs, au milieu de la caverne, trônent deux larges colonnes résultantes de la fusion d'un stalactite et d'un stalagmite qui ont la particularité d'être creuses. En tapant avec le point fermé dessus, elles produisent deux sons à l'origine du nom des lieux :
"Lol" et "Tun".


De gauche à droite : jeux de lumières - peintures primitives de main.

Entre deux "Attention, ça glisse ici" du guide (et putain c'est vrai que ça glissait à fond, je ne sais pas comment on a fait pour ne pas se casser une jambe), on découvre des jeux de lumière surprenants et quelques peinture primitives de mains. Le guide nous explique que les peintures datent de la même époque que celle de Lascaux, mais qu'à la différence de ces dernières, l'encre utilisée ne s'atténue pas à cause du dioxyde de carbone rejeté par les visiteurs.


Allez hop, tout le monde remonte.

On apprend également que les Mayas investirent eux aussi, à leur époque, les lieux pendant la guerre qui les opposaient aux conquistadors et qu'ils s'improvisèrent archéologues en découvrant les marques laissées par leurs ancêtres. Ces marques ont même apparemment été reproduites dans plusieurs temples (Uxmal, Chichen Itza).

Inclassables

Quelques photos insolites :


De gauche à droite : Un drôle de nom pour une poubelle (si quelqu'un parlant espagnol peut me donner une explication, je suis preneur) - Indiana Jones n'a qu'à bien se tenir - Mais au moins Indiana Jones n'a pas 35 piqures de moustique sur les jambes.

Et demain ?

Demain vous découvrirez à quoi ressemble le Golfe du Mexique, comment lire une carte routière et comment Mc Gyver démonte les serrures des portes d'hotel !

J3 - Chichen Itza by day

dimanche 27 juillet 2008

Oups oups oups me revoila. Entre festivals bretons (oui à défaut de soleil, il faut bien que la région ait ses avantages) et soirées diverses, il me fut dur de remplir cet endroit de ma superbe prose.

Nous sommes donc le dimanche 22 juin, 3ème jour sur le sol mexicain. Il est 7h du matin et la température extérieure est de "on crame déjà, c'est quoi ce pays ?" °C. Suite logique de notre soirée "sons et lumières", nous nous lançons à l'assaut de notre premier site Maya ; et pas des moindres, j'ai nommé Chichen Itza.

Spotlite - Sharko

Pour ceux qui ont un peu de culture, vous avez surement déjà entendu parler de ces ruines. Elles font partie, aux côtés du Machu Pichu ou du Colisée, des New 7 Wonders (7 nouvelles merveilles du monde) élues à Lisbonne le 07.07.07 (super symbolique).


La pyramide Kukulkan.

Ses nombreux édifices bien restaurés ainsi que sa proximité avec les centres névralgiques touristiques en font le site le plus visité de la péninsule. Injuste récompense à mon gout, car après avoir parcouru plusieurs autres sites mayas, je dois reconnaitre que l'ensemble est trop désaffecté, "tourist-friendly". La jungle a cédé la place à un joli gazon tout propre, où une horde de mexicains, aux étalages tous identiques, essayent de vous lester de vos pésos à coups de prétendus masque mayas made in China... Pour en rajouter une couche, suite à une chute mortelle, on ne peut même plus approcher des édifices. Tout cela mis bout à bout rendent le site moins envoutant ; et je n'ose même pas m'imaginer à quoi tout cela ressemble en haute saison, envahit de touristes.

Toutefois je me console en me disant qu'ainsi, les pécores ne viennent pas dénaturer l'âme des autres sites plus authentiques ; et que, au passage, cela nous a permis d'apprécier d'autant plus les autres ruines que nous avons visitées.

De Temps À Autre - Sidilarsen

Petit point histoire. À son apogée, entre 750 et 1200 de notre ère, la cité, étendue sur 300ha, détenait l'hégémonie sur l'ensemble de la zone maya. La pyramide Kukulcan, la plus célèbre silhouette du site, dominait l'ancienne ville ; une chaussée la reliait au cenote sacré (profond gouffre réserve d'eau douce mais aussi puits à sacrifice...), 20m plus bas. Ce dernier explique le nom Chichen Itza : "près du puits des Itzas", les Itzas étant la tribu maya qui fonda la ville aux alentours de 500.


Vue sur le fameux cenote, appelé aussi puits des sacrifices dans lequel on a découvert 21 crânes d'enfants. À noter que, étant donné qu'il n'y avait ni rivière ni lac à proximité, l'eau du cenote était aussi utilisée comme eau potable...

Malgré tout ce que j'ai pu dire au dessus, il faut tout de même rendre à César ce qui est à César ; Chichen Itza en reste pour le moins incontournable. En effet, ce dernier possède malgré tout des édifices uniques et/ou en bien meilleur état que tout ce qui nous a été offert de voir. Fondée par les mayas puis abandonnée, elle a ensuite été récupérée par les Toltèques, une tribu du nord, en l'an 1000. Ceux-ci l'ont imprégnée de leurs cultures et architecture et en ont produit un mélange unique de genres. Petite vue détaillée.


Chichen Itza c'est plus fort que toi

Égérie des lieux marquant l'entrée du site, dur de ne pas s'émerveiller devant le Castillo, (ou pyramide Kukulcan) surnommée ainsi par les espagnols à cause de son aspect imposant. Quatre escaliers de 91 marches lui courent de chaque côté pour accéder au sommet ; disposition unique qui donne naissance à un serpent fait d'ombre et de lumière à chaque équinoxes (cf video post préc). En haut, une marche supplémentaire permet d'accéder au temple. Vous avez fait le compte ? 91 marches x 4 côtés + 1 en haut ? Oui, ça fait bien 365... Une autre preuve, avec le serpent d'équinoxe, qui témoigne des grandes connaissances scientifiques de ce peuple bien peu connu. Entièrement dédié au soleil, la pyramide était consacrée aux grandes cérémonies religieuses.


De gauche à droite : une colonne et son guerrier vus de près (cliquer sur l'image pour la voir mieux) - Première partie du temple

Derrière le Castillo, se dresse le Temple des Mille Colonnes. Ces dernières sont toutes ornées d'un guerrier emplumé muni de sa lance, ce qui vaut à ce gigantesque chef d'œuvre le second nom de Temple des Mille Guerriers. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un lieu sacré en l'honneur des ancêtres qui ont participé à la puissance de la cité. Au premier abord, en forme de L, le temple cache bien son jeu.

Malins que nous sommes, nous avons donc dépoussiérés nos tables de multiplication pour vérifier si ce 1000 ce n'était pas un petit peu surfait (un peu comme les Crazy 88 de Kill Bill qui ne sont pas 88 mais qui trouvaient ça "cool"). Une fois les 310 atteints, persuadés que les mayas avaient essayé de se la péter un peu, nous sommes arrivés devant le reste de la collection... Désormais, nous voulons bien croire qu'il y en a au moins 1000 (voire plus).


De gauche à droite : Vue d'ensemble sur le terrain avec les anneaux - Vue rapprochée de l'anneau

Clôturant la visite, on trouve l'imposant jeu de pelote et ces murs immenses. Le jeu de pelote opposait 7 joueurs par équipe et consistait à toucher avec une balle en bois l'anneau de l'adversaire, situé sur le mur. La balle pouvait être envoyée avec le genou, le pied droit, les hanches ainsi qu'une batte en bois. La faire passer à l'intérieur de l'anneau représentait un exploit extraordinaire, et son auteur était honoré comme de droit. Les 6 membres de l'équipe jouaient au centre, et les capitaines respectifs sur les terrasses qui bordent les deux murs. Les spectateurs prenaient place tout en haut, ainsi qu'à chaque extrémité du terrain. Le jeu de pelote revêtait un caractère rituel et sacré et le peuple n'y était pas admis.

Quant au sort réservé au vainqueur, la polémique se poursuit toujours. Certains soutiennent qu'ils étaient sacrifié aux dieux en signe d'honneur ; d'autres estiment que c'étaient les perdants. Pour illustrer ça, des bas reliefs sur les murs du terrain, représentent un capitaine victorieux qui se fait décapiter (c'est un honneur !). De son cou jaillissent 6 jets de sang, rappelant les 6 autres joueurs. Un véritable jeu d'équipe quoi ! Un peu plus loin, un curieux mur agrémenté de sculptures de crane en l'honneur des joueurs de pelote décapités.

Enfin, comme toujours le serpent à plume Quetzalcoalt, symbole du dieu suprême maya est de la partie :


De gauche à droite : le serpent à plume qui entoure le terrain - le mur des cranes

Au fait, vous ai je préciser qu'en quittant les ruines, au moment de retirer une centaine d'euros d'un distributeur automatique, celui ci m'a gentiment renvoyé un magnifique "Insufficient funds" ? M'étant très peu servi de ma carte depuis mon début de séjour, dur d'envisager une fraude... Pour en avoir le cœur net, nous nous arrêtons donc dans un cyber café miteux en plein milieu d'un village qui l'était tout autant, afin de vérifier mon compte en ligne. Le gars de Hertz m'avait pourtant assuré que la caution de 3000$ ne serait pas retiré... et en tout cas, d'après le Crédit Mutuel, il disait vrai... Surement l'automate qui était détraqué...

A True Story - Hey Hey My My



Après 2h30 de visite sous un soleil de plomb, "léger" passage ptijej' sous les palapas de l'hotel. Enfin... pas si léger que ça... au programme huevos a la mexicana (oeufs à la mexicaine sur tortillas agrémentés de purée de pois, de bananes frites and co). Et puis bon, on est au Mexique, autant en profiter pour également visiter leur gastronomie.

Rassasiés, il était temps pour nous de reprendre la route direction le site archéologique d'Uxmal (prononcez "Ouchmal"), un peu plus dans les terres à deux heures de là, avec au passage, un petit détour par les ruines de Mayapan.


Le Mexique étant une plaque tournante de la drogue, il est très fréquent de croiser des barrages militaires, douaniers ou policiers sur la route, qui arrêtent selon leur bon vouloir les automobilistes pour des vérifications en règle ; on a bien du en voir une trentaine en 3000kms de voyage. Croisés à nombreuses reprises la veille, nous n'y avons pas échappé cette fois... Entre armes automatiques autour du coup, gilet pare balle immense et tourelle mitrailleuse à la sortie pour dissuader les automobilistes se croyant plus malins, l'ambiance n'était pas à la rigolade.

Ajoutons à cela que les signes du soldat sont rarement très affirmés, et qu'il faut le fixer de manière insistante pour deviner dans son regard si il faut s'arrêter ou non. Autant vous dire que, face à leurs joujoux automatiques, l'instinct se trompe souvent. Ainsi, plusieurs fois, il nous est arrivé de nous arrêter alors qu'apparemment le soldat nous avait fait signe de passer... Encore un mystère des routes mexicaines. Quoiqu'il en soit plus de peur que de mal au final : les soldats se contentent de vérifier nos papiers et inspecter rapidement le coffre...

Empty - Metric

Ce qui est agréable quand on sort des sentiers battus, c'est que les petits sites (et il y en a beaucoup), quasi déserts en haute saison, le sont encore plus en basse. On partage alors les pyramides avec les nombreux iguanes apparemment maitres des lieux, qui tolèrent notre présence.


De gauche à droite : Vue sur la pyramide principale - Vue globale avec l'observatoire en rond au fond.

Le site de Mayapan n'échappe donc pas à la règle. Au milieu d'une telle sérénité, on a du mal à croire que 12 000 personnes vivaient sur ces 4km² il y a 600ans ! Rajoutons à cela, qu'ici, les pyramides ne sont pas chasse gardé et que, les courageux que nous sommes, avons alors pu les escalader ("at our own risk" comme l'indiquait le panneau) et profiter de la vue ! Un chouette détour !


De gauche à droite : Le point vert au milieu c'est Anne Cécile - Vue depuis le haut de la pyramide - Descente sur les escaliers en mauvais état

Stuck In Reverse - Absynthe Minded

Dans un pays où les routes n'apparaissent sur aucun GPS, ni sur Google Maps, la carte routière devient rapidement un accessoire essentiel. De la moindre pompe à essence à la plus petite route, je dois reconnaitre que celle-ci nous a, de nombreuses fois, sauvés la vie.


View Mexico 2008 - Day 3 - Uxmal in a larger map. En violet, notre tentative de couper à traver le pays pour rejoindre l'hacienda Temozon.

Toutefois face aux bleds aux noms imprononçables et aux routes non légendées, elle atteint, comme tout le monde, ses limites... En effet, depuis Mayapan, on pensait pouvoir rattraper la route menant à Uxmal sans rebrousser chemin sur 40 bornes. Pour cela, il suffisait de se rendre à Xcanbacan puis à Abala... "suffisait"... quelle erreur...


De gauche à droite : la superbe église de Xcanbacan - une des plus jolies maison du village

Comment vous résumer ? Imaginez vous dans le plus pourris des bleds du monde (tellement pourri que quand on le tape dans Google, celui ci ne trouve aucune entrée... si si c'est possible). Vous y êtes ? Imaginez maintenant des mexicains qui ne sont jamais sortis de ce bled de leurs vies, et qui n'ont jamais vu de blancs ! Enfin, imaginez ces mêmes blancs leurs demandant leurs chemins... Bienvenue à Xcanbacan ! Clair que l'on a été l'attraction de ces dix dernières années et qu'ils parlent surement encore de nous dans leurs légendes...

Un espagnol inbitable, des avis qui se contredisent, des gestes approximatifs "c'est par là", des curieux qui s'approchent tout près pour voir à quoi on ressemble, un mexicain roux (si si) et le nom de la ville "Tecoh" (pas du tout sur le chemin) qui resurgit une centaine de fois. J'ai cru qu'Isabelle allait nous claquer dans les pattes... Elle a heureusement fait preuve de courage ; et finalement, nous, on est retournés sur nos pas...

Back in the Saddle - Aerosmith

Je n'en ai pas encore parlé, mais il n'y a que les mayas qui ont laissé leurs empreintes dans l'Histoire yucatanaise. N'oublions pas les conquistadors espagnols et leur style colonial très marqué, persistant dans quelques rares haciendas perdues entre deux sites archéologiques. Pour info, les haciendas sont de grandes demeures autrefois attachés à d'immenses exploitations agricoles.


Hacienda Ochil

Si aujourd'hui la plupart sont tombées en ruines, quelques privilégiées ont été restaurées et transformées en hôtels de luxe ; comme la hacienda Temozon qui a apparemment accueillit Bill Clinton mais que nous n'avons pas pu approcher. On se vengera alors sur la hacienda Ochil, petit havre de paix ocre, charmant à souhait avec sa petite voix ferrée qui le sillonne de part en part.

Mass Destruction - Faithless

Après toutes ces aventures, l'heure est à l'abordage de nos bungalows pour la nuit, à quelques kilomètres du site d'Uxmal. Les propriétaires, un couple franco-mexicain sont d'un conseil précieux sur les sites à faire, les routes à prendre et les restaurants à tester. Parmi eux, à deux pas, celui d'une anglaise célibataire, tenant son gite depuis plusieurs années, et servant les meilleures fajitas de Santa Elena et un brownie incroyable (oui je sais : un brownie fait maison en plein milieu de la pampa, c'est très improbable).

Il faut noter que tout paradis terrestre a sa part d'enfer. Au Mexique, ce sont les tornades en aout et les moustiques le reste du temps. Quand je dis "enfer", ce ne sont pas des exagérations. Moi qui suis d'ordinaire peu craintif de ces petites bêtes, jugeant inutile de m'asperger la peau de produit chimique à la citronnelle pour si peu, je me suis vite ravisé. Chaque sortie de la voiture était désormais accompagné du rituel sacré du "badigeonnage de répulsif à bebetes" sur toute partie du corps exposée.

Il a suffit de ne pas en mettre une fois, de s'assoir en terrasse au restaurant pendant 5 minutes, pour que le pire se produise. 39 piqures en 300secondes (véridique) pour la pauvre Anne Cécile... du jamais vu, de vrais charognards... C'est à partir de ce jour là que nous avons commencé à compter les piqures de moustique à chaque réveil.

Inclassables

Quelques photos insolites :


De gauche à droite : ici les fourmis sont des monstres énormes qui débroussaillent tout sur leurs passages - les mayas savaient s'amuser ! dommage qu'ils ne connaissaient pas le papier, ils auraient été moins embêtés... - Des sacs d'eau pendus à la terrasse du restaurant d'Uxmal pour éloigner les moustiques... le jour... dommage pour nous, il faisait nuit...

Et demain !?

Revenez demain ! Vous y verrez les jambes d'Anne Cecile (sexy !), le meilleur restaurant du monde maya, des grottes mieux que celles de Lascaux ! Ça laisse rêveur non ?

J2 - Chichen Itza by night

mardi 22 juillet 2008

Magnifique exploit ! J'ai de nouveau un peu de temps pour moi et mon blog. Deux jours d'affilée, c'est limite champagne...

Bref, nous sommes le second jour de notre périple, soit le samedi 21 juin 2008, il est 7h30 du matin (un des avantages du décalage horaire, c'est qu'on se lève naturellement tôt) et il fait déjà plus de 33°C dehors...

Il faut préciser, tant que j'y pense, que ces dates de vacances avaient été choisies, à la base, pour faire en sorte qu'on puisse être sur le site archéologique de
Chichen Itza pour le solstice (été le 21 juin et hiver et 21 décembre). Ces jours là, d'après ce qu'avait lu Xavier (le 4ème comparse qui aurait dû nous accompagner), l'emplacement du soleil à son coucher, est censé révéler un chouette jeu d'ombres et de lumières sur l'escalier de la structure principale, représentant ainsi un serpent qui descend de la pyramide.
Dur à se représenter non ? Si oui, voici quelques images qui parlent toujours mieux que des mots :




Tous séduits par l'évènement, nous nous sommes donc évidemment calés sur celui-ci et avons, peu après, acheté nos billets d'avion... Peu avant, que nous nous rendions compte que dans l'info qu'avait lue Xavier, la personne avait confondu solstices avec équinoxes... soit le 21 mars et le 21 septembre... On se console à postériori en se disant que, malgré tout, ces dates nous ont permis de visiter un Mexique sans touristes et, presque toujours, sous un soleil radieux.


Black Mirror - The Arcade Fire

Histoire de commencer en douceur et d'appréhender un peu les us et coutumes locales, la journée était dédiée à la découverte des environs. Seul impératif de la journée : rejoindre le site archéologique de Chichen Itza, à 2 heures de route, avant la tombée de la nuit.

Désormais ensoleillées, on redécouvre les rues de
Cancun downtown pour un petit déjeuner douteux. Si celles-ci paraissent un peu plus sures, les coups d'œil qu'on nous jette sont restés les mêmes. Les américains ont fait des dégâts dans les mœurs locales et toute personne blanche, quelle qu'elle soit, y est automatiquement associée. Pour eux pas de différences entre US ou européens ; nous ne sommes que des gringos, porte feuilles ambulant... Cela fait bizarre de se retrouver, à moindre échelle certes, à la place d'une minorité ethnique. Heureusement, cette mentalité s'efface à mesure que nous nous éloignons de l'épicentre cancunien.

Girl on the Wind - The Shins

J'ai beau cracher sur ces resorts qui ont infestés la côte, je n'en restais pas moins curieux de voir de plus près à quoi ressemblait cet amas de béton. Et puis bon, ça reste quand même la côte Caraïbes... En être si près, sans y poser le pied, aurait été un vrai gâchis.


De gauche à droite : le Riu resort - un hotel à l'architecture très particulière

Nous voici donc partis à l'assaut des 25kms du boulevard Kukulcan et de ses 25kms de palaces. Quand le Guide du Routard disait "sa côte infestée d'hotels [...]", j'étais loin de réaliser à quel point les mots étaient bien choisis. Après quelques kilomètres en voiture, impossible d'apercevoir autre chose que des façades d'hôtels toutes plus hautes les unes que les autres. Les grandes enseignes se succèdent : Carlton, Riu, Hyaat...
Vous êtes sûr qu'il y a la mer là quelque part ? On reprend espoir en apercevant un panneau pour une plage publique ! On va enfin pouvoir tremper un orteil.



Une plage publique de Cancun.

En plus la plage est déserte... et pour cause... large de 3 mètres et longue d'à peine 10, coincée entre deux terrasses d'hôtels, pas entretenue (donc recouverte d'algues et autres)... dur d'y attirer le chalant. Trop petite pour accueillir un hôtel, elle a surement être déclarée publique par dépit. Mais putain, malgré tout ça, qu'est ce c'est beau !

Pourtant, comme tout bon aquitain, je voue un amour sans limites à mon océan atlantique ; mais là il ne fait vraiment pas le poids. Vous savez toutes ces photos de plages idylliques dans les vitrines des agences de voyage ? Et bien elles ne sont pas retouchées : l'eau y a vraiment cette couleur. Avec un tel cadre, même le pire des touristes peut faire des photos dignes d'une carte postale.

Enchanté mais pas satisfait, c'était mal me connaitre de croire que j'allais en rester là. Que cachent toutes ces façades et à quoi ressemblent leurs plages ? C'est le Hyatt là bas non ? Et si on allait y faire un tour ?
Au Mexique, l'un des avantages d'être blanc (et c'est surement le seul), c'est que tout le monde vous crois friqué : du coup, même jeunes, on peut facilement passer pour des clients de palaces. Surtout avec l'air assuré qu'on avait en approchant des portes de l'hôtel :-).



Le hall d'accueil du Hyatt.

Si d'extérieur la bâtisse ne paye pas de mines, l'intérieur possède quand même un certain charme : autour du hall d'accueil circulaire, on peut se poser dans un des petits salons confortables et vitrés, offrant une vue imprenable sur la mer. Dehors, une longue terrasse en bois relie l'hôtel à son beach club et à ses voisins. Le sable a en effet disparu de Cancun ; à la place, fleurissent des piscines à déversement surplombant la mer. Il suffit de claquer des doigts depuis son matelas gonflable pour appeler un staff et commander un cocktail ou une serviette. Je dois reconnaitre que, plus d'une fois, j'ai regretté de ne pas avoir eu mon maillot sur moi...


De gauche à droite : Vue du littoral depuis le beach club - Oui, c'est le moment de se la péter mesdemoiselles.

Évidemment, en dehors des hotels, on peut trouver à portée de main, tout cl'attirail pour que les américains se sentent comme chez eux. Du Starbuck au Hooters en passant pas le "Las Vegas shows"-like, j'ai nommé le Coco Bongo :


De gauche à droite : Hard Rock Café and co - Le fameux Coco Bongo - La réponse à la question d'hier : qu'est devenu The Mask ?


Driving Lessons - Garbage



Afficher Mexico 2008 - Day 2 - Chichen Itza sur une carte plus grande

Une fois nos mirettes bien remplies, il était grand temps de retrouver la climatisation de notre véhicule et de partir à l'assaut de notre première étape Maya. Après avoir littéralement fait 3 fois le tour de l'aéroport, et découvert à quel point l'absence de signalisation ne se manifeste pas qu'en ville, nous avons enfin trouvé l'autoroute du salut.

L'occasion, comme je l'avais promis hier, de faire un petit point sur ce que l'on appelle négligemment la "conduite" au Mexique... Sachez, tout d'abord, que n'importe qui conduit au Mexique, souvent sans permis ni assurance et dès l'age de 14ans (de toutes façons, le permis ne veut pas dire grand chose étant donné qu'il s'achète, tout simplement). En plus de cela, il y a quelques trucs à préciser :

- à l'entrée et à la sortie de chaque village, en fait un peu partout sur les routes, il y a ce qu'on appelle des topes, sortes de dos-d'âne artificiels sous stéroïdes (sans déconner), destinés à achever les suspensions et les bas de caisse, mais surtout à faire ralentir les voitures.
En tout cas, ça marche du feu de dieu : je n'ose pas imaginer ce qui se passerait en les passant à plus de 15km/h. C'est le cauchemar des automobilistes, surtout que bien souvent, on peut rencontrer des panneaux annonçant un
topes mais sans topes et vice versa (et là ça fait mal au cul). Je vous assure, que sur la route, j'ai bénis plus d'une fois le fait d'avoir loué une automatique.


Il est gros... le topes !

- le dépassement est un sport national. Ligne blanche / pas ligne blanche, ligne droite / virage, par la gauche / par la droite (en montant sur le bas côté), devant la police / ou même pour doubler celle ci, en centre ville, sur un topes... Bref, aucune limite, c'est l'open-bar !

- Les lignes blanches et les panneaux divers (quand il y en a ou qu'ils ne sont pas recouverts par la pampa) sont très peu respectés. Sans parler des sens interdits qui ne sont JAMAIS signalés et qui nous ont permis de nous retrouver de nombreuses fois à l'envers dans un sens unique (la légende veut que les sens uniques sont décidés d'un commun accord entre les villages concernés).
Et je ne parle pas des feux placés APRÈS le carrefour ou de la priorité à droite... En parlant de ça, je n'ai toujours pas saisis si elle s'appliquait ou non. Généralement, tout le monde s'arrête, se regarde, et c'est celui qui a la plus grosse qui passe le premier, et ainsi de suite.


- Le plus fun / déconcertant reste toutefois la conduite sur autoroute. Il ne faut surtout pas s'imaginer que parce que nous roulons sur une autoroute, nous sommes en sécurité. Elles sont en générales désertes, car hors de prix (même pour un européen), mais les apparences sont trompeuses. Elles sont beaucoup plus fréquentées qu'on ne l'imagine par... des piétons sortis du néant, des cyclistes à contre sens chargés d'énormes ballots qui zigzaguent dans tous les sens, des chiens errants, des cageots de fruits et même, parait-il, des vaches...
Ajoutons à cela, une sortie tous les 130kms, une station essence tous les 200 et la possibilité de faire demi-tour très fréquemment grâce à des retourno.

Bref, vous l'aurez compris : conduire au Mexique est une bataille de tous les instants dans un milieu très hostile. Malgré cela, même si on a eu des tonnes de tuile avec la voiture et qu'on a tapé quelques fois le bas de la carlingue, pas eu seule égratignure à déplorer !


Flame - Bell X1

Après deux heures de route sans encombrements, nous atteignons finalement notre hôtel de Chichen Itza, une ancienne demeure coloniale plutôt chouette, abritant une piscine et un staff sympa (dont des cuisiniers très doués). Bref, tout le nécessaire pour se reposer avant de se rendre au son et lumière des ruines.


De gauche à droite : vue de l'hotel, piscine et restaurant - un peu de repos.


Se remémorant ses expériences égyptiennes, Isabelle nous avait prévenu que le spectacle risquait d'être très kitsch. Une fois de plus, elle avait raison : on se retrouve assis sur des chaises en face du Castillo. 5 puissant spots de couleurs sont chargés "d'animer" les ruines pendant qu'une grosse voix rugit en français dans nos écouteurs : rien de bien impressionnant... On y apprend malgré tout quelques informations intéressantes sur le site et son histoire (que je vous révèlerai demain).

Soulignons enfin que, équinoxe ou non, le 21 juin aura quand même connu son serpent en ombres grâce à la reconstitution du phénomène à l'aide des lumières lors du show ! La boucle est bouclée, on peut aller se coucher heureux.


De gauche à droite : Le Castillo presque de jour - Le Castillo presque de nuit avec les lumières du spectacle.

Et demain !?

Revenez demain !! On vous dévoilera en exclusivité la réponse à : le temple des mille colonnes compte t-il vraiment mille colonnes ? Vous saurez enfin si les fourmis mexicaines sont différentes des fourmis européennes et ce qu'est une Hacienda ! Ça donne envie non ?