Un Dimanche à Poudlard

lundi 1 avril 2013

J'avais 14ans, lorsqu'en 1997, est sorti le premier tome des aventures de Harry Potter. Même si je n'ai rattrapé le train que plusieurs années plus tard, une fois adulte, je me suis quand même pris d'affection pour ce monde magique, sa prestigieuse école, ses personnages et ses singularités. Qui n'a jamais rêvé de prendre des cours de potion à Poudlard, de faire une partie endiablée de Quidditch ou de transplaner en un clin d'oeil? Alors quand Warner Bros vous permet de réaliser une partie de ces rêves, on monte sur son balai et on traverse la Manche le temps d'un week end.


The Chamber Of Secrets - John Williams

A une trentaine de kilomètres de Londres, s'élèvent les studios de Leavesden, terre d'accueil des tournages de nombreux films de la Warner, de The Dark Knight à la seconde trilogie de Star Wars en passant par Sleepy Hollow. Mais depuis 2001, ce sont surtout les 8 films de la franchise Harry Potter qui ont monopolisés les 50 000m² du plus grand studio britannique. Pendant 10ans, s'y sont succédés décors, sculptures, animatroniques et autres merveilles qui ont permis de donner vie au monde magique du jeune sorcier. Sauf que, cette fois-ci, au lieu de tout détruire à la fin du tournage, l'endroit a été aménagé pour accueillir les moldus curieux. C'est parti pour la visite! 




Entry Into The Great Hall - John Williams

Après une rapide vidéo d'introduction du producteur des films, l'écran géant se soulève pour laisser place à une porte massive. La même porte qui accueille les jeunes sorciers lors de leur premier jour à l'école des sorciers et derrière laquelle se cache la Grande Salle de Poudlard: immersion garantie!



Le plateau de la Grande Salle est d'ailleurs une rareté dans l'industrie moderne du cinéma: il est resté en activité pendant plus de 10ans. En effet, le directeur artistique du premier film eut l'intelligence d'investir un montant significatif de son budget pour en recouvrir le sol de véritables dalles de grès. Alors que la question a fait débat, cette décision s'est avérée judicieuse; les dalles ayant supporté les pas des centaines d'acteurs et des équipes de tournage durant toutes ces années.

Comme le plafond du studio n'était pas assez élevé, seuls les effets spéciaux ont permis de créer l’impressionnante charpente inspirée du Westminter Hall, qui date du XIVème siècle, ainsi que le ciel magique, visible entre les poutres.




Harry's Wondrous World - John Williams

La seconde partie de la visite est consacrée aux sets d'intérieur. La pièce est immense et regroupe des tas de décors, costumes, accessoires - le tout gavé de détails... Sur chaque décor, une petite vidéo explique les challenges qu'il a fallu y relever (les tonnes de potions à réaliser pour la salle de cours, les objets ésotériques qui remplissent le bureau de Dumbledore...) et nous montre des extraits de films le mettant en scène. Bref, on se sait plus où donner de la tête!

 
Vue d'ensemble des décors intérieur.

Tout y passe, pour le plus grand plaisir des fans: de la salle commune des Gryffondor, au bureau de Dumbledore en passant par le Terrier des Weasley... Petit aperçu en images comparées.


La salle commune des Griffondor


Le bureau de Dumbledore.

L'intérieur du Terrier des Weasley est à l'image de l'extérieur: chaotique et assemblé bout à bout. La chef décoratrice explique qu'elle voulait que tout, des meubles à la vaisselle, ait l'air d'avoir été acheté d'occasion, troqué, ou ramassé sur le trottoir. C'est d'ailleurs comme ça que l'équipe a rassemblé l'essentiel des objets qui se trouvent dans le Terrier, y compris l'antique cuisinière, récupérée dans la maison d'une pop-star. L'équipe des effets spéciaux mécaniques a ensuite bricolé tout un tas d'objets: un couteau qui coupe les carottes tout seul, des aiguilles à tricoter volantes ou encore une brosse qui fait la vaisselle... Magique!!



Une mention spéciale pour l’impressionnante salle de cours de potions et ses centaines de fioles remplies de tout un tas de liquide et d'objets tous plus bizarres les uns que les autres (la plupart étant des jambes découpées sur des jouets en plastique et trempées dans de l'acide). Ici aussi les objets s'animent: les louches tournent dans les marmites dont le contenu change de couleur.



Et bien d'autres:


La porte de la Chambre des Secrets - Un aperçu des nombreuses illustrations réalisées par les équipes de graphistes des films - La magie derrière le Nimbus2000.


Knockturn Alley - John Williams



Après un petit détour par Privet Drive et un verre de Bièraubeurre dans la partie extérieure du studio, la visite enchaîne par l'atelier des créatures, étrange bestiaire qui regroupe des modèles taille réelle de créatures et acteurs, des masques en latex, des structures animatroniques et autres freaks.


Les banquiers de Gringotts - Lupin en mode loup-garou et son animatronique - Un détraqueur.

Et mon préféré, l'animatronique de Voldemort plus vrai que nature...




Diagon Alley - John Williams

"On a commencé par se demander: est-ce qu'il existe à Londres un lieu où l'on pourrait filmer le Chemin de Traverse?" se souvient Chris Columbus, réalisateur des deux premiers films. "En fait, on pensait trouver quelque part des endroits à la Dickens, or il en reste très peu. Et ceux que l'on trouve ont toujours un truc moderne qui vous empêche de filmer. Alors on l'a construit".



Chris ajoute qu'il voulait également incorporer au Chemin de Traverse, des éléments renforçant le côté magique. Chacune des échoppes offrait l'occasion d'exprimer cela: des piles anormalement penchées chez Fleury et Bott aux 17000 étuis de baguette faits main du le magasin d'Ollivander.




A Journey To Hogwarts - Nicholas Hooper



Le tour se termine enfin par la pièce maitresse de la visite: Poudlard! Ou plutôt sa reproduction au 1/24ème qui fut utilisée pour toutes les prises extérieures du château dans les six premiers films. Chacune des tours, des fenêtres et des portes a été recréée à l'échelle. Absolument tout, jusqu'aux têtes d'épingle qui représentent les boulons fixant les gonds aux portes. Petit timelapse de l'assemblage du monstre:



La visite est désormais terminée, le temps pour nous de réintégrer le monde normal... après un petit tour à la boutique plus que très fournie, évidemment...

L'Usine à Films de Michel Gondry

lundi 11 mars 2013

Vous êtes vous déjà demandé comment on réalisait un film? Si oui, Michel Gondry a pensé à vous. Pas besoin de millions de dollars, d'un casting de rêve ou d'effets spéciaux en cascade : 4h de votre temps, une caméra, quelques décors de fortune et une équipe motivée suffisent: de quoi se prendre pour Jack Black et Mos Def dans Be Kind Rewind sauf qu'ici on se swede pas les films connus, on fait le notre! C'est en tout cas l'idée derrière "l'Usine de Films Amateurs" de Michel Gondry, atelier itinérant qui a déposé ses valises au Centre Georges Pompidou du 16 février au 30 mars 2011.




Lucky Ones - Lana Del Rey

Pas besoin de vous dire que quand des projets comme celui-ci posent leurs valises à Paris, les places sont chères: si bien que, quand Anne-Cécile a découvert cet atelier dans un reportage du Grand Journal de Canal, tout était déjà archi-complet... Petite lueur d'espoir: le site de Beaubourg mentionne que quelques places seront disponibles au compte-goutte sur place pour les séances du dimanche (une par heure): qu'à cela ne tienne, il est temps de prouver que notre chance légendaire est toujours là. Ni une, ni deux, on en profite pour rallier Vincent (grand réalisateur de son état) à notre cause et c'est parti, en route pour l'aventure.

Dimanche 13 mars 2011, 9h, nous voici tout pimpant devant le centre Beaubourg. Même si ça n'ouvre que dans une heure, il y a déjà pas mal de monde: on garde espoir, en glanant des bouts de conversation à gauche à droite, la plupart des gens ont l'air de faire la queue pour visiter les expositions d'art. Ouf! 10h, les portes ouvrent enfin et on se faufile rapidement jusqu'à la queue de l'Usine à Films: une quinzaine de personnes sont devant nous... Tout est encore jouable... ou presque...

Ou presque... car quelques petits cafouillages viennent perturber nos chances:
- 3 personnes qui se sont trompés de queue en rentrant dans le Centre nous passent devant grâce/à cause d'un couple qui les reconnaît et qui confirment qu'ils étaient devant eux dehors (t'avais qu'à pas te tromper en rentrant patate!);
- évidemment, à cause de ces 3 là, on est recalé pile poil du groupe de 12h. Finalement, c'est un bien pour un mal: ceux qui avaient réservés ce créneau sont des ados et ils arrivent avec un scénario tout prêt, un casting et du matos... Ils ont l'air bien embêté quand on leur signale que ce n'est pas la philosophie de l'atelier et qu'ils vont devoir composer avec 6 personnes supplémentaires (bien fait!!);
- pas de séance à 13h (pause déjeuner);
- vers 13h15, on nous apprend qu'un VIP s'est invité pour la séance de 14h et qu'il n'y aura donc pas de places disponibles pour nous... Quiconque soit ce VIP pistonné, nous le maudissons d'avance.

13h45. Il semblerait que le VIP soit en fait Alain Chabat (on le maudit un peu moins du coup) mais que s'il n'arrive pas d'ici 5min, Alain Chabat ou pas, on pourra prendre quand même sa place. On en est alors à souhaiter qu'Alain Chabat ne vienne, c'est un comble!

13h50. Toujours personne à l'horizon: nos noms sont inscrit sur la fiche du groupe de 14h. C'est officiel, après 5h d'attente, on va tourner notre film amateur... ou presque... euh ça ne serait pas Alain Chabat qui monte les marches là-bas? Tout penaud, Alain s'excuse pour le retard. On est prêt à laisser notre place évidemment (on peut bien attendre une heure de plus quand même) mais la responsable des groupes est inflexible: c'est trop tard (à sa décharge, elle était étrangère et ne connaissait pas l'oeuvre de M. Chabat)! En fait Alain explique qu'il n'avait pas l'intention de participer à l'atelier activement, juste de suivre notre groupe pendant notre session. Chanceux nous? Ça se saurait!


Time Is Running Out - Muse



Petit florilège des décors disponibles: métro, salon, décharge et même des miniatures pour faire des courses-poursuite.

Après un rapide tour des décors mis à notre disposition, nous prenons connaissance de notre planning des prochaines heures:
- 45min de brainstorming pour décider du genre, du titre et du résumé du film (à main levé et en suivant un protocole bien carré)
- 45min dans l'atelier pour confectionner distribuer les rôles, se costumer et confectionner les accessoires qui seront nécessaire au tournage
- 1h pour tourner le film: 1 caméra - 1 prise par scène, pas de retour en arrière dans la bande pas de montage
- 30min pour visionner le film, réaliser la jaquette et graver le DVD.


Reportage sur les ateliers de l'Usine à Films


Brain Stew - Green Day

"Une bonne idée est de choisir deux titres, deux genres et deux histoires et de les combiner pour créer un film encore plus imaginatif"


Le brainstorm est drivé étape par étape par un tableau de commandes.

Le brainstorm est un joli bordel démocratique: après le genre (westerno-documentaire), chacun y va de ses idées de scènes et d'histoire. Le tout se mélange, se tord, se déforme pour aboutir à quatre lignes qui donneront les lignes directrices de notre film intitulé "Soyez Sympas, Dégainez" (hommage évident au réalisateur qui nous a réunit ici). Pas de temps pour les dialogues, les détails ou la mise en scène: le maître mot est "spontanéité". Michel Gondry, de passage, en profite même pour apporter quelques idées... On prend!


Devil in Disguise - Elvis Presley

"On suivrait les pas d'un cowboy qui vit au 21ème siècle et qui partirait à la chasse d'un bandit après l'avoir vu sur un avis de recherche". Il nous manque quelqu'un pour jouer le bandit... quelqu'un avec une gueule reconnaissable... ha mais oui on a Alain Chabat, dans notre groupe! "Alain, tu veux bien jouer le bandit?". Une fois les rôles de chacun bien définis, tout le monde passe par la case accessoirisation. Pendant qu'Anne-Cécile dessine le journal qui contiendra l'avis de recherche, d'autres se fabriquent des vêtements en carton ou des perches de prise de son: système D inside.



Les fiches du générique de début et le fameux journal - La grille de répartition des scènes.


Silence, ça tourne!


Il est maintenant temps d'investir les décors et d'entrer dans son personnage. Les scènes, tournées dans l'ordre, s'enchaînent vitesse grand V. Comme tout le tournage doit rentrer en une heure, les acteurs de fortune n'ont que quelques secondes pour inventer et répéter leur texte: une seule prise et c'est dans la boîte. Chose amusante: alors que nous tournons les premières scènes de notre film, les personnes du groupe d'avant demandent à Alain si il veut bien faire un featuring dans leur film. Celui-ci refuse poliment en leur répondant qu'il préfère rester avec son groupe pour voir le tournage.

Encore une fois, l'exercice est intense mais nous composons avec les règles. 2h de préparation et 1h de tournage pour 4'41 de 7ème art... dont voici le résultat:



Évidemment, même si le résultat est loin de mériter un Oscar, tout le monde prend beaucoup de plaisir à découvrir "son" film et se voir à l'écran. On rigole, on se cache les yeux mais on repart avec le plein de souvenirs et des envies de cinéma. Merci M. Gondry de nous avoir permis de partager votre quotidien!

El Xolo

samedi 9 mars 2013

Ce vendredi 20 mai 2011, c'est une curieuse carte postale, en provenance de Veracruz, qui est arrivée à l'Hôtel de Ville de Nantes à l'adresse de tous ses habitants. Au recto, on y aperçoit la petite géante, en tenue traditionnelle mexicaine, entourée de jarochos; au verso, le texte suivant:

"Après avoir visité Guadalajara, nous prenons le bateau à Veracruz pour Saint-Nazaire. Nous nous sommes beaucoup amusés à l'embarquement! Il n'y avait plus de place pour le Campésino Géant et on a dû le mettre dans un immense container. Nous accosterons à Saint-Nazaire dans la dernière semaine de mai. J'arrive à Nantes pour raconter mon voyage. Je vous embrasse! La petite Géante"

2ans après leur fabuleux départ, les géants sont enfin de retour à Nantes! D'après la lettre, leur arrivée est prévue pour le week end prochain: un évènement à ne pas manquer.




Omega Dog - The Dears


Vendredi 28 mai 2011. La foule des grands jours est de sortie à Nantes: l'annonce n'est publique que depuis une semaine, mais le bouche-à-oreille et l'amour que les Nantais portent à la troupe du Royal Deluxe ont pris le relais. Et le Royal leur rend bien: mercredi 25 mai 2011, un bloc de glace gigantesque tombé des cieux a été découvert sur le parvis de la Cathédrale de Nantes. Gelé comme un Dieu, El Xolo, le chien divin du Mexique a, selon la légende contée par le Royal de Luxe, traversé les siècles jusqu’à nos jours pour rejoindre la Petite Géante et le Campesino. Pendant 2 jours, le bloc géant a doucement fondu sous le ciel nantais, libérant petit à petit l'animal jusqu'à l'arrivée de ses nouveau maîtres.


Un mystérieux bloc de glace sur le parvis de la Cathédrale de Nantes.

Et justement, l'arrivée de ses maîtres sera tout aussi surprenante. Attendue au réveil de Xolo sur la place Saint-Pierre, la petite géante est finalement entrée dans la nuit dans le centre-ville avec son bus. Mais un accident de la route avec une automobile l’a immobilisé au sol. Il faudra alors tout le flair de Xolo, pour retrouver la Petite Géante sur le cours des 50-Otages et la réveiller.





Sail - Awolnation



Après ces retrouvailles, il est temps pour nos deux comparses de rejoindre et de libérer le Campesino (le Géant) arrivé par container un peu plus tôt. Le trio désormais au complet, le bain de foule peut commencer. Comme lors de leur passage en 2009, le show est aussi bien présent au niveau des marionnettes qu'au niveau des marionnettistes: mettre en branle et coordonner toute cette mécanique pour lui donner vie, est un spectacle en lui-même.




La parade s'achèvera sur le mail Pablo-Picasso où les géants prendront leurs quartiers pour la nuit.


Ballad of the Big Machine - Emilie Simon


Une bonne nuit de sommeil

Pour cette seconde journée, je suis rejoint par Jessica et Jeff, un couple d'amis parisiens à qui j'avais déjà vanté le précédent passage du Royal Deluxe en 2009. Du coup, il n'était pas question pour eux de louper ça une seconde fois. Surtout qu'aujourd'hui, les géants sont accompagnés de révolutionnaires mexicains bien décidés à littéralement mettre le feu partout où ils passent.




La fin de la journée approche : de retour à la place de la Petite-Hollande, les Géants sont soigneusement rangés dans leurs boîtes. Nul ne connaît leur prochaine destination mais le voyage ne fait que commencer. En tout, ce ne seront pas moins de 400 000 personnes qui auront fait le déplacement à Nantes pour applaudir les petits magiciens du Royal Deluxe! Vivement la prochaine.