J14 - Les Plus Belles Plages de Grande Terre

jeudi 5 janvier 2012

Vendredi 20 mai 2011, dernier jour complet de vacances. Grâce à nos petites courses dans la supérette de la veille, nous avons du marbré et du jus multivitamine pour le petit-déjeuner, c'est Byzance ! Aujourd'hui, le programme est simple : trouver la plus belle plage de toute la Guadeloupe!


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Coconut - Harry Nilsson

Notre élection commence par la plage de la Caravelle, plus connue sous le nom de "plage du Club Med" et dont la réputation est particulièrement surfaite. Là encore, tout est artificiel, si ce n'est la vieille grosse topless chez qui tout devait être d'origine.


La plage de la Caravelle.

Après la Caravelle, cap sur l'Anse du Belley, un spot de kitesurf réputé. Il est un peu tôt pour que la plage soit bondée, mais quelques kitesurfers sont là et tirent des bords sur une plage rectiligne d'une longueur incroyable.Nous continuons par la plage du Bois Jolan, difficile à trouver (heureusement notre statut de riverains permanent nous permet de ne pas tenir compte de certains panneaux de signalisation) et dont le chemin nous mènera au "Trou à Coa", une plage paradisiaque aux eaux turquoise et peuplée de cocotiers. Surement la plus belle plage de Guadeloupe pour nous!


La plage du Trou à Coa

Nous passerons un certain temps, sur cette plage et dans le sous-bois adjacent, à peaufiner la technique d'ouverture de noix de coco du moniteur UCPA des Saintes. Quatre noix de coco plus tard, nous arrivions enfin à en casser une noix en préservant le jus. Une vraie approche scientifique, dans la finesse.


Manuel de survie du naufragé sur une île déserte - Chapitre Noix de Coco : 1) Trouvez une bonne noix de coco : en ramassez une par terre et secouez là pour vérifier qu'il y a bien du jus à l'intérieur - 2) Posez la noix sur un support solide et stable, percutez la (plusieurs fois) avec un objet lourd et contendant (si possible) - 3) Profitez de la première fissure pour boire le jus contenu dans la noix - 4) Reprenez votre objet lourd pour briser la noix et manger l'intérieur!

Remontés à la voiture dont la température intérieure avoisine les 60°C, cap sur l'Anse Congo, à quelques centaines de mètres de là, afin de prendre un bain bien mérité. En guise de plage, nous nous octroyons un lagon séparé en "micro piscines" par de la végétation aquatique. En guise de boulet, nous avons un Xavier qui a oublié son maillot de bain. Heureusement, un boxer rouge fait l'affaire. L'eau est chaude, et la profondeur de 40 à 50cm est idéale pour se poser au fond de l'eau et profiter, tout simplement.



La plage de l'Anse Congo

La faim nous tire de cet environnement idyllique pour nous ramener à la cruelle réalité du moment : quel restaurant choisir ? La vie est dure... Nos collègues du club de plongée nous ont conseillé le "Quai 17", sur la marina de Saint-François. Nous nous attendions à un petit boui-boui dans le style des lolos que nous avions fréquentés jusque là... mais non ! Le quai 17, arborant fièrement un Gwenn ha Du sur sa devanture, est une des cantines non officielles des clubs de vacances pour vieux florissant à Saint-François, en témoigne le chat obèse nourri aux restes d'acras (assez mauvais) qui se prélasse sur la terrasse. Morceaux choisis de la conversation animant la table d'à côté où deux vieilles peaux et la fille de l'une d'entre elles avalent du gras :
- On hésite à reprendre un caniche, c'est teeeellement mignon !
- Oh, tu te souviens ? L'ancien on lui coupait les poils des fesses, hi hi !
- Oh oui elles l'avaient tout esquinté ! J'ai tellement pleuré, si tu savais...



Gasoline - Seether

Le repas terminé, nous engageons une promenade le long de la marina sous un soleil de plomb, puis longeons la côté en traversant les plages "privées" des hôtels du coin. Le comble de la désolation est atteint lorsque nous constatons que, face à un magnifique lagon, se dressent les ruines d'un palace et de son carbet, abandonnés depuis quelques années à en juger par la nature qui a tenté d'y reprendre ses droits. La côte pourrait être magnifique, elle est malheureusement gravement abîmée par le béton... Il est temps de retourner à des choses moins déprimantes !


Plage de l'Anse Champagne recto - et verso...

Cap à l'ouest, donc, en direction de Gosier où nous prévoyons d'acheter quelques souvenirs pour nos mamans respectives (pots de confiture, sachets d'épices, etc.) et de retirer de l'argent pour payer la location parce que nous sommes des garçons sérieux et honnêtes, oui oui, mais il ne faut pas pousser quand même... Ah, tiens, il semblerait que la carte bleue de Nicolas se mette en grève dès qu'on parle de payer la location ;) Pas de problème, l'intérêt des opérations bancaires en ligne, c'est quand même de pouvoir renflouer un compte à l'autre bout du monde.Après les courses, nous descendons sur la plage de Gosier qui fait face à un charmant petit îlet. Avec un peu plus de temps, je pense que nous aurions sorti les palmes... mais non.


Plage du Gosier

Nous avons une dernière mission à remplir avant de finir la journée : laver la voiture et faire le plein de carburant. Nous nous arrêterons ainsi dans une station service pour faire un "pit-stop aspirateur" (le lavage étant résolument trop cher), et dans deux stations pour faire le plein (ne cherchez pas à comprendre).
Une petite anecdote à ce sujet. Il semblerait, en Guadeloupe, que les pompistes n'apprécient pas vraiment que les automobilistes fassent le plein eux-mêmes. Soit. Au moment de payer, je me dirige vers la petite boutique quand je me fais aborder par un pompiste, que nous appellerons Pascal, pour les besoins du scénario :
[P] Pouw payer c'est pas ici.
[X] Beeen c'est pour ça que je vais au guichet, oui.
[P] Non, c'est pas ici !
[X] Ah ? C'est où, alors ?
[P] Ici je vous dis !
[X] Ben non, vous m'avez dit que ce n'était pas ici.
[P] Mais si, je vous dis que c'est pas ici !
[X] (réflexion intense) Aaaaah, c'est paR ici !
[P] Oui ! C'est paw ici !



La Boucane Dans Cabane - André Clavier

Nous remontons vers Sainte-Anne pour passer la soirée. Que mangerions-nous bien... Oh, une idée ! Un poulet boucané ! Ben oui, on nous a gâché le poulet de la veille, on pourrait retenter ce soir, non ? Je prends donc la voiture et file vers Sainte-Anne pour me garer le plus près possible de "Ti Pla An Nou", et là, comment vous dire... je me retrouve face à une sorte de rasta habillé en cuisinier, en train de préparer un gratin :
- Bonjour, ce serait pour un poulet boucané... vous étiez fermé hier soir ?
- Ah non non, j'étais ouvert !
- Ah, pourtant ça ouvrait à 18h30 et on a dû passer vers 18h50...
- C'est que j'ai dû ouvrir plus tard alors !


Le garçon est bon esprit et se révèle tout à fait amical. Ainsi, Germain (de son prénom) est marié à une alsacienne, adore manger de la choucroute et passer Noël en métropole. Nous discutons un petit moment pendant qu'il prépare notre poulet, il m'avoue que Sainte-Anne et ses touristes le gavent et qu'il passe tous ses week-ends en Basse-Terre et en particulier à Malendure où il connaît bien les restaurants de Dada, de Zouty, le vendeur de poulet à côté de chez Félicité, la vieille peau qui vend des fruits et légumes de l'autre côté de la route, etc. Que le monde est petit ! Il nous invite même à une soirée organisée le jeudi suivant. Dommage, nous serons partis... Au moment de partir, il me salue d'un petit "à un prochain soleil, comme on dit ici".

Je rapporte les victuailles à Nicolas, et là... c'est une véritable tuerie. Le poulet fumé est incroyable et les gratins de banane et de papaye envoient comme jamais. Je regrette juste de ne pas lui avoir demandé sa recette.Après le repas, la soirée est calme et se limite à une préparation des bagages, à un petit coup de ménage et à une prière du soir pour faire tomber la pluie (parce que sinon, la voiture sera sale !).


Et Demain !?

Demain nous regagnons Pointe-à-Pitre, son aéroport et la métropole, mais non sans avoir fait un petit détour par l'aquarium de Guadeloupe.

J13 - La Distillerie Longueteau & La Pointe des Chateaux

 Jeudi 19 mai 2011, la fatigue commence enfin à se faire sentir. Nicolas se lève tard, nous n'avons, pour ainsi dire, rien à petit-déjeuner. Ayant oublié quelques affaires à Malendure, nous profiterons de cette journée pour refaire un saut sur la côte ouest et visiter l'une des distilleries de rhum de Basse-Terre (on est en Guadeloupe quand même !)


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Encore un Rhum - Soldat Louis

Notre première étape est la distillerie Longueteau, dernière distillerie à vapeur de l'île, dans laquelle tout est effectué à la main sur du matériel vétuste, jusqu'à la régulation de la pression dans la chaudière. Longueteau produit du rhum sous plusieurs appellations : Longueteau (France et Guadeloupe), Karukera (export), Karaib (Leader Price, moins vieilli), pour un total de 500.000L par an (fixé par quota).



De gauche à droite : les plantations de canner à sucre - la distillerie - la presse à droite, les cuves de jus distillé à gauche - ah bah oui ça a l'air moins appétissant d'un coup.

Dans la confection du rhum, la canne à sucre est récoltée au bout d'un an. Elle est tout d'abord pressée afin d'en extraire le jus. Ce jus fermente en cuve, est distillé (la cuve étant chauffée par le relicat de canne), ce qui donne le rhum brut (qui sort à 80%, plutôt bon d'ailleurs), que l'on mettra à vieillir en fût, une fois coupé. On estime à 12% la quantité de rhum qui s'évapore des fûts chaque année (contre 2 à 3% pour le cognac). Un rhum sorti du fût ne vieillit plus, au contraire d'un vin. Comme nous dira le vendeur de Longueteau, "quand on voit des bouteilles de rhum de 1963 à 400€ sur ebay c'est de la branlette, s'il a vieilli 3 ans, c'est un 3 ans et c'est tout..."


Une petite partie de la cave Longueteau

Nicolas, voyant une bouteille de rhum au bois bandé dans le magasin, demandera au vendeur si, je cite, ça fait de l'effet. Réponse immédiate "ben ouais, ici on en boit tous et après on fait partouze". Bon esprit, monsieur le vendeur :)

Après cette dégustation, nous reprenons la route de la Traversée en direction de Malendure où nous récupérons les affaires de Nicolas au gîte (où Guillaume s'est percé le pied avec du treillis soudé), et l'assiette du gâteau au club de plongée. Nous sommes d'ailleurs épatés de constater que nos moniteurs de plongée préférés ont pensé à garder une part de gâteau pour Olivier, l'autre moniteur de Nicolas.
Un petit passage par la plage où nous mangeons un dernier agoulou chez "Huguette et fils", puis nous prenons la route de la Traversée en sens inverse, avec un bref arrêt à la Cascade aux Écrevisses, un site touristique aménagé pour les handicapés (quand on repense à Acomat et à la Soufrière, on voit la différence).




On The Edge of a Cliff - The Streets

Dans notre lancée, nous continuons la tournée des plages de la côte Sud à partir de Sainte Anne : "Pointe Saline", peuplée de kite surfers, "plage qui défonce", parfaitement déserte, puis nous filons vers la pointe des Châteaux, à l'extrême est de Grande Terre.



La route qui longe l'anse Kahouanne est bordée de petits parkings donnant accès, en traversant quelques mètres d'une végétation dense, à de magnifiques petites anses orientées plein sud. Nous continuons la route et parvenons à la pointe des châteaux. Un vendeur de sorbets coco nous assaille mais "non non, on va attendre de se dépenser un peu, le sorbet ça se mérite".


Une petite anse déserte sur la route de la Pointe des Chateaux

La promenade est sympathique : nous longeons les petites salines, l'anse des châteaux et sa petite plage (la plus à l'Est de l'île), puis nous grimpons pendant quelques centaines de mètres jusqu'à atteindre une croix et son petit autel.



Vue sur les salines et la Pointe des Chateaux (la croix en haut à droite).

Le panorama est très joli mais il est malheureusement difficile d'en profiter sans qu'un touriste lambda ne se place devant notre objectif. Les guides nous disent que le coin a une allure de Finistère (et accessoirement que les bretons trouvent toujours une allure de Finistère aux jolis coins)... et ce n'est pas tout à fait faux. Mais la pointe des châteaux est juste très jolie, ce qui est parfaitement autosuffisant.


Vue depuis le haut de la Pointe.

En redescendant, le vendeur de sorbets coco (Alain, de son prénom) ne nous a pas oubliés. Nous passons donc un petit quart d'heure avec lui, il nous explique comment il fait son sorbet, d'où il vient, bref, nous passons un bon moment. Accessoirement, son sorbet est une tuerie !




Walk On The Wild Side - Lou Reed

Avant de rentrer, Nicolas tient tout particulièrement à se promener sur la face nord de la pointe des châteaux pour rejoindre l'anse Tarare (oui Nicolas, j'enjolive un peu, j'avoue :)), située juste à côté d'une plage "nudiste du haut" nous apprend le Routard.

Nous passons un bon moment à trouver le petit chemin qui va nous mener à l'anse Tarare, en admirant au passage quelques carcasses de voitures calcinées. En Bretagne, nous avons des calvaires au bord des routes. En Guadeloupe, ce sont des carcasses. Chacun son truc, les goûts et les couleurs... Aujourd'hui encore, même à grands renforts de googlemaps, j'ai du mal à savoir où nous nous sommes garés, ce qui résume assez bien notre sens de l'auto-géolocalisation. Nous nous garons devant un bar miteux et commençons à nous enfoncer dans la steppe / toundra / pampa locale (rayez les mentions inutiles).

Impossible de voir à plus de 5 mètres dans cette végétation. Lorsque les chemins divergent, nous décidons de demander notre chemin à un autochtone, que nous pourrions décrire comme étant un Pascal Légitimus vêtu de tennis, de soquettes blanches, d'un petit short "le Coq Sportif" modèle coupe du monde de football 1982 (celui fendu au dessus de la cuisse), et d'un petit débardeur moulant. Et là, comment vous décrire la scène... notre guide nous invite gentiment à le suivre, ramasse un bâton dans les fourrés pour écarter les ronces, et marche à nos côtés en portant le bâton à la verticale, tout en chantonnant d'un air guilleret un petit "laaaa lala la laaaaaaaaaa la !". J'ai un sourire jusqu'aux oreilles et me tourne vers Nicolas pour partager sa joie... mais Nicolas semble absent. Etonnant, il ne raterait pourtant pas une occasion pareille !

La route se prolonge et est ponctuée de bien jolies phrases :
(à Nicolas) "Oh mais dites-moi, les moustiques vous ont littéwalement dé-vo-wé !"
(à nous) "Suivez-bien les mawques jaunes en wentwant, ou vous wisquewiez de vous égawer..."

Inutile de vous le préciser, mon sourire ne me quitte pas ! Après avoir croisé quelques vaches sauvages dans la brousse locale, nous traversons une petite clairière dans laquelle siège une caravane. Notre guide se tourne dans sa direction et appelle un de ses amis :
- Bèweutwannnnnd !
(silence)
- Bèèèè-weuuuu-twannnnnd !

Bèreutrand sort de son trou, machette à la main, et nous suit pendant un moment. Si le fait de me faire guider dans la brousse par une folle ne me dérange pas plus que cela, l'idée de me faire coincer entre deux buissons par deux bêtes sauvages assoiffées de sexe et armées d'une machette (j'en rajoute à peine) ne m'enchante guère, mon intégrité anale étant ma principale préoccupation du moment.

Je garde donc un oeil sur Bèreutrand qui finit par s'éclipser. La sérénité revenant au beau fixe, notre guide nous propose pour la énième fois de le suivre à la plage :
P: Vous m'avez dit que vous vouliez aller où ?
X: À l'anse Tarare.
P: Ah oui, il y a une twès jolie plage juste à côté, vous n'avez pas envie d'y aller ?
X: Pas plus que ça non, Nicolas, tu en penses quoi ?
N: Oh ben non, pas plus que ça non plus, on voulait juste se promener le long de la côte.
P: Ah d'accow', d'accow'...

"Pascal" reviendra à la charge plusieurs fois, jusqu'à ce que nos routes se séparent, dans un adieu déchirant...

De l'anse Tarare, nous ne verrons pas grand chose, une averse (la première des vacances !) ayant décidé de nous surprendre alors même que nous mettions le pied sur le sable. Marche arrière à travers la végétation, donc, en essayant de suivre les marques jaunes. Le retour n'est pas forcément évident, nous nous y prendrons à plusieurs fois pour retrouver notre route.

En arrivant sur le parking, il fait un peu sombre et seule une voiture est garée, en dehors de la nôtre. Les trois hommes qui se tiennent près d'elle nous dévisagent des pieds à la tête. Quelques minutes plus tard, dans la voiture, Nicolas me confiera :
- C'est assez glauque comme parking, non ? Les trois mecs qui nous regardaient bizarrement, là...
- Ben c'est assez glauque depuis le début, quand même. La folle qui nous sert de guide, son pote avec la machette...
- Ouais il était bizarre le mec, j'avoue.
- Euh Nico, il n'était pas que bizarre, il voulait à tout prix qu'on aille avec lui sur une plage nudiste qui a quand même vachement plus l'air d'une plage "traquenard viril" qu'une plage nudiste !
- Oh putaaaaaain ! Mais je suis trop con moi, je n'avais rien capté !

Nous passons alors en revue notre escapade, la rencontre avec Bèreutrand, les trois mecs bizarres du parking... et concluons que finalement, malgré la pluie, la journée se termine plutôt bien.

Que d'émotions, il est temps de retourner à Sainte-Anne pour trouver un petit poulet boucané. Faute de mieux, nous nous arrêtons dans une boutique Digicel pour demander à la vendeuse, Estelle de son petit prénom, qui fait le meilleur poulet boucané de Sainte Anne. "Oh allez voir mon ami Eric, à deux pas, il fait du super poulet, je vous le conseille avec la sauce barbecue". Soit, nous allons voir Eric, nous faisons les présentations et Eric nous redirige vers Ti Pla An Nou, le meilleur poulet boucané de Sainte Anne. Sympa, de nous rediriger vers la concurrence.


Dangerous - Michael Jackson

Nous prenons donc une petite ruelle vide, sans réussir à trouver le restaurant. Nicolas demande à un passant
- On veut du poulet boucané
- Des bananes braisées ?
- Non, du poulet boucané, ça s'appelle Ti quelque chose
- Ti... sane ? (dit-il avec le plus grand sérieux)
- Ah si c'était une blague ce serait super drôle !
Les deux continuent à parler pendant qu'un mec louche avec une machette s'approche de moi
- Vous cherchez quoi ?
- Un poulet boucané
- C'est de l'autre côté viens avec moi je vais te montrer
- Tu veux m'emmener où ?
- Là-bas, à côté de King Pizza
- Non on en vient, c'est lui qui nous envoie ici
- Non mais c'est un autre, donne-moi ton argent
- Hein ? Euh non, je n'ai pas de monnaie
- Et ton pote, il en a ?
- Non plus
- Vous faites quoi alors ?
- On cherche un poulet
- Ben alors vous avez de l'argent
- Non j'ai une carte
- Ben je t'emmène au distributeur et tu me donnes ton argent
- Non, j'en ai ras le cul de me faire taxer par des mecs tous les jours
Le gars se barre sans rien demander, ça devait être un gentil, on va dire. WTF!?

Nicolas et moi finissons par trouver le restaurant, ouvert dès 18h. Il est 18h15, c'est fermé, nous retournons donc chez Eric le vendeur de poulet (qui vient de Thorigné, à 5km de Rennes) en nous arrêtant dans une superette pour faire quelques courses. "Je vous ai déjà vus, non ?" s'inquiète la vendeuse. "Vous étiez là ce matin, en costume cravate !". "Non, mais on nous a déjà dit que tous les beaux garçons se ressemblaient".

Nous arrivons chez Eric, discutons le bout de gras, rencontrons un policier de la police aux frontières (métropolitain) qui nous apprend que l'homme à la machette est le plus grand voleur de Sainte Anne et qui nous parle des autres petites frappes de la ville.
"Tu vois le mec là-bas avec son bonnet rouge ? J'lui fous une claque, j'le tue".
Nous profitons d'avoir un gars de la PAF avec nous pour lui poser des questions sur la quantité de rhum à ramener
- Ah ben c'est un litre par personne
- Hein ? Mais le vendeur nous a dit 10 !
- Ouais ben 1 litre, mais le mieux c'est un cubi de 5 dans la valise et un autre dans la main, acheté en duty free !

Il va falloir qu'on m'explique des trucs, là, j'ai du mal à comprendre. Nous commandons finalement notre poulet sauce barbecue.
- franchement ce n'est pas top la sauce barbecue
- ben c'est Estelle qui nous a dit, hein
- ouais ben Estelle elle est bien gentille mais elle n'a pas toutes les bonnes réponses... Hé mais à peine arrivés vous connaissez le prénom d'Estelle ? Il va falloir que je prévienne les filles d'ici qu'il y a deux dragueurs en ville !

Tout de suite... Bref, nous repartirons avec un poulet sauce créole/jus de cuisson et un énorme sac de frites. Nous en viendrons à bout avec peine, mais la véritable épreuve consistera à trouver un endroit où ranger les déchêts, sans poubelle, pour que les rats et les chats ne viennent pas tout déchiqueter... Si vous n'avez jamais stocké une poubelle au frigo, c'est à essayer.



Poulet fini, Nicolas exige (à juste titre) une place dans la moustiquaire pour ne pas se faire bouffer une nuit de plus. Nous finirons donc la soirée dans notre petit lit en regardant The Big Lebowski. Il devait y avoir un côté ridicule à la scène, heureusement il n'y a pas de témoin ;)


Et Demain !?

Demain ce sera notre dernier jour complet en Guadeloupe. Au programme, sable blanc, eau turquoise, cocotiers et paradis terrestres. Tout simplement !

J12 - Visite des Saintes

lundi 2 janvier 2012

Mercredi 18 mai 2011. Après une bonne petite nuit, nous nous levons de bien bonne heure (6h) pour profiter pleinement de notre journée aux Saintes.


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Top Of The Hill - Tom Waits

Après les viennoiseries du petit-déjeuner, nous commençons la journée par l'ascension du Chameau, le point culminant de l'île à 309m (oui bon...), avec ses chèvres à foison, sa tour de vigie et sa vue imprenable. Une vue qui se mérite, d'ailleurs, étant donné que les barreaux métalliques des échelles menant au toit sont complètement bouffés par la rouille.


Vue sur Terre de Haut, depuis la tour du Chameau

Nous redescendons et prenons la route du fort Napoléon. Nicolas commence à récupérer ses réflexes en deux roues, comme le montre la prise de carre du scooter sur la route qui mène au fort ! La charmante dame de l'accueil du site nous gratifie d'une réduction en tant que possesseurs du routard, mais "ah si vous êtes deux, il vous faut deux routards". Ben tiens... Le fort se compose d'un jardin entouré de remparts offrant une jolie vue sur la baie et dans lequel vivent quelques iguanes fort apeurés par le touriste moyen (Nicolas, en tant que maître touriste, parviendra à en photographier un), ainsi que d'un musée maritime retraçant la colonisation, la guerre des Saintes, les principales espèces animales se trouvant autour des Saintes, etc.



On A Beach - Richard Ashcroft

À la sortie du fort, direction la plage de Pompierre, réputée pour ses cocotiers et ses manceliniers. La plage est en fait une jolie anse quasi-fermée mais un peu trop touristique à notre goût : trop d'aménagements, pas assez de spontanéité, et des chèvres tellement habituées à se faire nourrir par les touristes qu'elles courent vers vous dans l'espoir de grapiller quelques miettes de sandwich. C'est dommage. Nous assisterons toutefois, sur cette plage, à une impressionnante démonstration d'ouverture de noix de coco par un moniteur de l'UCPA. Cette démonstration nous sauvera la vie lorsque nous serons naufragés sur une plage déserte, quelques jours plus tard.



Après la petite déconvenue de Pompierre, nous nous mettons en quête du "point de vue absolu" afin de photographier la baie de Terre du Haut. Un petit passage par l'Anse Mire est bien mais pas top. Nous y croisons un adolescent armé de son harpon qui se prépare à aller chasser.
- Et tu chasses quoi ici ?
- Ben, un peu tout
- Et tu chasses où ?
- Ben, partout
- Et vous mangez ce que vous chassez ?
- Ben oui, quand on prend des trucs on les mange, sinon on mange autre chose

Passionant personnage...


Vue depuis l'Anse Mire.

Faute d'avoir trouvé le point de vue idéal, nous nous dirigeons vers une petite boulangerie faisant des bokits et des agoulous. En attendant notre pitance, nous jouons à photographier un chat aux yeux vairon et remarquons une énorme blatte sur le dos mais encore vivante, près d'un mur de la pièce. Nous adorons ce genre d'endroit. C'est à cette occasion et lors de nos visites que nous remarquons une physionomie particulière des Saintois, un peu comme les réunionnais ont un physique particulier. Une forme de visage, une couleur de cheveux... il faudra que nous travaillions là-dessus.



Le temps s'étant découvert encore un peu plus (le soleil ne nous a pas quittés depuis notre arrivée en Guadeloupe, ce qui écoeure les gens que nous croisons), nous remontons sur la route du fort Napoléon afin de faire quelques dernières photos de la baie, puis nous descendons vers la plage de Crawen, censée être la "plus belle plage de l'île" selon diverses sources.


Vue depuis le Fort Napoléon.

Au final, nous trouverons cette plage un peu médiocre par rapport aux précédentes, et nous n'aurions rien perdu à ne pas y passer. La dernière plage de la journée sera la petite anse de Pain de Sucre, juste en bas de notre jardin, abritant ce que les Saintois appellent "l'aquarium naturel". Pas le temps de se baigner, malheureusement, Nicolas ayant déclaré une impressionnante éruption cutanée dorsale.


La plage de la petite anse de Pain de Sucre.

Direction la pharmacie, donc, où Nicolas a montré son petit dos au personnel de service.
- Laissez-moi deviner, vous avez mis de la Biafine sur un coup de soleil ?
- Oui...
- La biafine empêche la sudation, vous n'avez pas pu évacuer les toxines de votre peau pendant la nuit, et à cause de ça vous avez des boutons.

En gros, Nicolas est en train de pourrir sur place, mais tout devrait rentrer dans l'ordre s'il arrête la Biafine 24/24.

En guise de remerciement pour son joli dos, le pharmacien gratifiera Nicolas de récits et de photos sur des gens qui ont fait pire que nous : un enfant dont le dos n'était qu'une immense cloque après une exposition prolongée, et surtout une femme dont le visage (eh oui !) se résumait à une cloque. Merveilleux !


Way Back - Aimee Mann

Après un petit rafraîchissement, enfin, nous reprenons le bateau vers Trois-Rivières puis la voiture en direction de Sainte-Anne, en Grande Terre, afin d'y trouver un gîte, à l'arrache comme il se doit. À cette occasion, nous découvrirons en peu de temps la violence d'une pluie tropicale lorsqu'on est sur la route, la densité des radars automatiques sur l'axe principal guadeloupéen, et la dérogation qui permet aux cyclistes guadeloupéens de rouler sur une 4 voies (nous découvrirons d'ailleurs, le lendemain, une autre dérogation du même acabit, accordée aux tractopelles).

Le premier gîte que nous visitons est complet, le second est complètement vide... mais la tenancière ne paraît pas motivée pour nous louer un bungalow. "Non je ne prends pas, mais venez voir comme ceux d'avant ont laissé sale". Nous la suivons, constatons les dégâts et parvenons à nous faire louer le bungalow pour trois nuits. "Par contre, vous me paierez rapidement et en liquide, s'il-vous-plaît". Promis, nous ne sommes pas des vandales, quand même !

Nous retournons alors à Sainte-Anne pour manger. À peine garés, deux clochards nous abordent d'une manière assez agressive. Bienvenue dans la civilisation... Notre repas chez Doudou nous réconciliera provisoirement avec Sainte-Anne, en nous permettant enfin de manger une délicieuse fricassée de lambis !

Enfin, de retour au Bungalow des Manguiers, gros dodo. J'hérite à nouveau de la moustiquaire alors que Nicolas se dévoue pour prendre le petit lit.

J11 - Plongée sur le Franjack & Départ pour les Saintes

Mardi 17 mai 2010. Après un petit-déjeuner face à une pluie tropicale cessant au moment même où nous mettons le pied dehors, nous nous rendons donc au club afin :
- de tester les capacités de Laurane en termes de close-up ;
- de déguster le gâteau préalablement décoré du 'R' de "Robin";
- de plonger sur l'épave du Franjack (ah ben oui au fait).


Nervous Wreck - Supertramp

Et le résultat est plutôt probant. Pour commencer, Laurane nous bluffe avec son tour de cartes (il avait prévu les cartes, le bougre). Ensuite la plongée sur épave est terrible ! Nicolas prend une magnifique photo de diodon (poisson porc-épic), nous apercevons un dauphin (pas le temps de prendre une photo malheureusement), nous visitons la cabine, la réserve de sable, la salle des machines du bateau... et même les toilettes! Le seul point limitant sera la présence d'une débutante sur cette plongée, paniquant à tout va, et qui aura le bon goût de me faire réviser mes exercices de niveau 1 en parvenant, en une seule plongée, à arracher deux fois mon détendeur et une fois mon masque. Pendant ce temps, Nicolas, enfin diplômé, profite de sa première plongée 100% exploration en Guadeloupe et reprend ses marques de photographe sous-marin amateur:


De gauche à droite: un joli diodon prend la pose - qui a dit que tout n'était que bleu sous l'eau - approche de l'épave.

Cargo sablier de presque 50m, le Franjack est arrivé dans les années 80 en Guadeloupe après avoir trempé sa quille à Copenhague et du coté de La Rochelle. Après quelques années de navigation dans les Caraïbes, il subit comme tant d'autres le cyclone Hugo en 1989. Abandonné à son sort il est finalement dépollué et coulé comme récif artificiel en 1996 au large de Malendure (comprendre "dynamité" par Laurane et ses accolytes)


Un joli croquis de l'épave posé au fond (source) - Petit aperçu aquatique.

Désormais le Franjack gît bien à plat sur sa quille sur un fond de sable à 24 m dans un bon état général à l'exception de la cabine avant qui est effondrée. Si il est encore un peu trop récent pour être vraiment colonisé, quelques éponges et poissons ont élu domicile dans la coin.



De retour aux Heures Saines, il est temps de déguster le gâteau au chocolat contre lequel le club certifiera Nicolas d'un niveau2. Comme prévu, Jérémy et Robin se battent pour les MM's, suite à quoi nous faisons des adieux déchirants à l'équipe avant de rentrer chez Rosie. Notre mission plongée est finie, il est temps pour nous de gagner d'autres contrées de cette jolie île. Mais que va devenir le club sans nous ?!?


Robin, Jérémie, un gateau au chocolat: des heures de pugilat.


On The Road Again - Canned Heat


View Guadeloupe 2011 - Day 10 - Départ pour les Saintes in a larger map

Il est encore tôt dans la matinée mais nous ne trainons pas pour prendre la route de Trois Rivières, afin d’attraper le dernier bateau de la journée pour l'archipel des Saintes... non sans nous être arrêté au préalable à l'Anse à la Barque, comme promis, pour enfin l'immortaliser sous une jolie lumière! Finalement !



En route, nous prenons une auto-stoppeuse locale, que nous appellerons Philomène, pour les besoins de ce récit. Et Philomène a le bon goût de répondre à nos questions sur la fameuse tranche d'âge manquante sur l'île! D'après elle, en Guadeloupe, les jeunes ont deux possibilités : soit ils partent étudier en métropole, soit ils restent ici et deviennent des délinquants qui volent votre téléphone portable quand vous êtes en camping, alors que vous venez de leur faire partager votre repas. Un problème de réglé !

Arrivés à l'embarcadère à destination des Saintes, nous réservons nos places de ferry puis, devant le temps qu'il nous reste, reprenons la route vers l'ouest à destination de la "Pagode du Pêcheur", un restaurant déniché dans le routard. Nous y faisons la connaissance du serveur le plus mou du monde, affublé d'une coupe afro comme j'en ai rarement vu. Mais la nourriture y était excellente et cela mérite d'être précisé : les acras de morue et la daurade grillée "défonçaient", comme dirait Nicolas.

 
L'embarquadère pour les Saintes: avant même de prendre le bateau, il y a déjà de quoi rêver.

De retour à Trois-Rivières, nous attendons notre bateau... qui partira évidemment avec beaucoup de retard (horaire antillais et arrivée tardive d'un passager visiblement malade). Alors que nous nous installons sur le pont, un membre d'équipage compétent nous prévient que, sur le pont supérieur, "nous risquons d'être mouillés". Hey on est bretons quand même, ça va aller hein! Et en effet, après deux lames, Nicolas prendra le chemin de la cabine.


Island In the Sun - Weezer


Arrivée sur les Saintes

À l'arrivée aux Saintes, vu le retard du bateau, les loueurs de scooters sont bien évidemment fermés. Nicolas essaie, à tout hasard, d'appeler "Jeny's location" et, même si nous nous demandons qui est cette Jeny qui nous a fait choisir ce loueur plutôt qu'un autre, nous sommes plutôt contents que le patron se déplace pour nous après la fermeture, parce que bon, il était quand même 17h15 et ce n'est pas vraiment une heure pour louer des scooters. "Bon normalement c'est 30€ les 24h, mais si vous me le ramenez à 6h30 du matin ça me fait me lever tôt ça, alors je vais vous mettre un supplément, disons 40€ en tout".

Notre fier destrier nous conduit droit chez nos hôtes qui avaient hébergé nos voisins réunionnais une semaine plus tôt. Des gens très gentils qui nous donnent les recommandations d'usage : fermer le salon à cause des chats errants, fermer les volets et mettre la moustiquaire dans la chambre, et ne pas organiser de fête ! Bon s'ils le précisent c'est que quelqu'un a dû abuser un jour...

Mais le temps passe et nous avons faim. De retour sur le scooter, nous nous arrêtons à "Instant Créole", un traiteur situé à quelques centaines de mètres de la chambre d'hôte. Tout est fermé, les lumières sont éteintes... Je monte sur la terrasse devant une maison, une femme apparaît à la fenêtre et nous dit "je suis fermée" avant d'enchaîner "mais bon, je peux vous faire un petit truc rapide pour dépanner, mais pas de friture parce que c'est trop long, ça vous va une salade ? attendez je vous sors le menu". Au final, nous repartirons avec une salade de boudins (viande / poisson) et un flan coco maison.

Après tout ça, nous méritons bien un bon dodo. Nicolas me laisse gentiment le grand lit avec la moustiquaire "tu prends la moustiquaire, je conduis le scooter, ça me semble logique". Merci Nico !

Et Demain!?

Demain nous nous émerveillerons devant les superbes paysages de l'archipel des Saintes et retournerons en Guadeloupe pour enfin découvrir Grande Terre!