Religion - Serafin

mercredi 20 janvier 2010

Désolé pour l'absence de posts ces derniers jours: manque de courage et beaucoup de choses à faire. Je vais m'arranger pour avoir plus de temps dans les soirées qui viennent.

Nous sommes le mardi 20 octobre 2009 et il est 4h du matin. Entre le muezzin, la température (la chambre n'a pas la clim et la fenêtre donne sur une rue animée) et le décalage horaire, difficile de dormir plus longtemps. De toutes façons, je pars dans 1h30 pour une excursion aux temples de Borobodur et Prambanan; et apparemment je ne suis pas le seul ! Devant l'auberge de jeunesse, une petite dizaine de personnes attendent le minibus de telle ou telle compagnie ou une ballade identique.
À ce propos, il faut reconnaître que le pays s'y prend très bien pour valoriser son patrimoine touristique : les agences d'excursion pullulent de partout, sont très compétitives et extrêmement bien organisée. Il est possible de se concocter un peu n'importe quel programme, n'importe quand, pour n'importe quelle durée et évidemment pour une somme modique. Dans le cas de la visite des 2 temples, le trajet me coutera 45 000rps (3€) soit aussi cher que les 5 minutes de taxi depuis l'aéroport...

Du coup, je partage mon minibus avec 2 jeunes et sympathiques parisiens aux passeports débordant de tampons (sic!). Et c'est parti pour 1h de trajet soit 40kms de route ! D'ailleurs petite nouveauté par rapport à mes précédents voyages, je me suis doté d'un récepteur gps de poche (QStarz 1000X) qui enregistre ma position toutes les 10 secondes environ. En rentrant ensuite chez moi, cela me permet de revoir mon itinéraire dans Google Maps et, d'enregistrer dans chacune de mes photos, l'endroit précis d'où elles ont été prises (à condition que mon appareil numérique soit à la même heure que le GPS). Voici donc mon itinéraire de la journée (en vert le point de départ, en rouge Borobodur et en violet Prambanan) :


View Indonésie 2009 - Jour 2 in a larger map

Cosmic Love - Florence + The Machine

Pour la petite histoire, avec ses 35m de hauteur et ses 123m de côté, Borobodur est le plus grand monument bouddhique du monde. Érigé par la dynastie Sailendra au 8ème siècle, sa construction aurait nécessité 75ans et 1,6 millions de pierres. Pendant ce temps là, il faut savoir qu'aucune cathédrale ne se dressait sur la terre de France, que les Khmers n'avaient pas entamés Angkor et que l'empire Maya était déjà en plein déclin.


De gauche à droite: Arrivée à Borobodur - Vue de haut (from the web) pour se rendre compte de la forme

La pyramide est composée de 10 étages différents: la base est composée de 6 terrasses carrées sur lesquelles 5kms (!!!) de bas reliefs illustrent toutes les étapes des différentes vies de Bouddhas. Une espèce de bande dessinée géante ! Je n'ose pas imaginer le temps qu'ont nécessité toutes ces fresques.
Ni un temple, ni un sanctuaire, pour l'instant personne n'a encore découvert la signification de ce monument. Toutefois, des archéologues pensent qu'il s'agissait d'une université, les scènes de bas reliefs servant à enseigner la lecture et l'histoire de Bouddha.


Des extraits de la bd géante.

Au dessus de ces fresques, 4 terrasses circulaires censées représenter le rapport de l'individu au cosmos (je l'ai bien senti en effet). Elles sont ornées respectivement de 32, 24, 16 et 1 stûpas (sortes de cloches symbolisant une montage javanaise proche). Chaque stûpa est percée d'une série d'ouvertures en forme de losanges et abrite une statue du Bouddha.


De gauche à droite: vue depuis tout en haut, une stûpa ouverte, une stûpa fermée

Le coin est désert et c'est un vrai bonheur de flâner le long des terrasses, et d'observer les fresques. Selon la tradition bouddhique, il faut commencer la visite du monument par l'escalier est, puis parcourir les terrasses dans le sens des aiguilles d'une montre afin d'accéder aux 10 degrés de transmutation humaine destinés à passer de la réalité au nirvana. Dans le doute, j'ai bien suivi les instructions à la lettre... mais j'attends toujours le nirvana... Je vais surement faire une réclamation à Bouddha armé de mon GPS:


Bête et discipliné, Nicolas fait bien tout ce qu'on lui dit.

La visite se conclue par un petit tour du musée du centre d'infos. On y explique que Borobodur est construit à base d'une pierre volcanique facile à sculpter mais fragile. Comme les maçons de l'époque n'ont pas utilisé de mortier pour maintenir les blocs entre eux, les pluies diluviennes qui saisissent chaque année ont dégradées petit à petit le monument, jusqu'à s'enfoncer de 80cms ! En 1955, l'Unesco s'est réveillé et a entrepris de le restaurer ! Chaque pierre fut démontée dans on ordre précis, recensée sur papier. Puis des drains furent creusés et une dalle de béton coulée dans le soubassement de chacune des terrasses. Un travail de titan qui s'est achevé en 1983 !


Le musée et quelques unes des pierres restantes.

9h du matin, une armée de collégiens indonésiens débarquent et courent partout, il est temps de partir d'ici, de petit déjeuner dans une échoppe à la sortie et de rejoindre Prambanan!

In This Temple - Sufjan Stevens

La route entre les deux monuments, avec sa belle vue sur le volcan Merapi, est plutôt chouette. Encore ici le site est désert (les gens commencent par Prambanan et ne se lèvent pas aussi tôt) et c'est d'autant plus agréable que les temples sont superbes !



À l'origine, ce sont près de 300 temples qui se dressaient sur cette plaine au IXème siècle, formant un fer de lance spirituel hindouiste censé concurrencer Borobodur et ainsi montrer qui avait la plus grosse. Du coup, comme à Borobodur, on a voulu se la faire genre "regardez comment je sculpte trop bien les bas reliefs et raconte des histoires". Sauf qu'ici il n'est pas question de Bouddha, mais plutôt de Ramayana.



Assis sur leur "forteresses" sacrées, les deux religions indiennes s'affrontèrent pendant cinq siècles pour avoir la mainmise sur l'île de Java et, au delà, sur le reste de l'Indonésie. C'était sans compter sur l'arrivée foudroyante de l'Islam au XVème siècle qui enterra en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire ses deux rivales.
Depuis, les temples ont été laissé à la merci du temps, des tremblements de terre et des diverses éruptions des volcan environnants. Les ruines constellent désormais la plaine et seuls les édifices les plus remarquables ont retrouvé leur splendeur d'antan.



En effet, il aura fallu plusieurs dizaines décennies de labeur patient pour mener à bien les travaux de restauration. Commencé dans les années 50, le chantier continue encore aujourd'hui. Étape par étape et pierre par pierre (et ce n'est malheureusement pas le tremblement de terre de 2006 qui rendra les travaux moins longs...).


De gauche à droite: Un temple en pleine réparation - mais il y a encore du boulot - des tailleurs de pierre et leur travail de fourmi.

Ballet de Suburbia - Danny Elfman


Encore une fois, levé tôt rime avec après midi détente à l'auberge de jeunesse. Avec mes deux compatriotes parisiens, je profite une dernière fois de la piscine. Demain m'attendent 10 longues heures de route pour rejoindre le Mont Bromo et ainsi me rapprocher de Bali.

En attendant, je profite de ma dernière soirée pour assister à un spectacle traditionnel. La spécialité du coin c'est le Ballet de Ramayana (encore lui), qui adapte des épisodes tirés de la célèbre épopée. En gros y'a toujours un sale méchant qui enlève une jolie princesse, et c'est toujours à Ramayana, bonne poire, de mettre sa peau en danger pour la sauver. Tout porte à croire qu'il ne se la tape pas à la fin en plus... Comme quoi Nintendo et Disney n'ont vraiment rien inventé.

Le spectacle est interprété à plusieurs endroits, dont Prambanan. Dur de résister ! Surtout que la toile de fond (les temples illuminés) vaut carrément le détour. Comme prévu, je n'y comprends rien et m'ennuie rapidement.



Je ne suis pas le seul à ne pas être sensible à la danse, car mes voisins de banc, deux jeunes et sympathiques indonésiens ne tardent pas à m'adresser la parole, curieux de savoir d'où je viens et comment je trouve leur pays. On échange beaucoup sur nos cultures respectives et les principales différences (l'individualisme français les sidère quand je leur explique ce qu'il en est chez nous). Le fait que je ne sois pas marié et que je n'ai pas encore d'enfants à 25ans les amuse aussi beaucoup. Je pense qu'ils me considèrent comme un dépravé ou un libertin, et m'interrogent sur les mœurs des petites françaises (qui les font manifestement fantasmer). Ils ont aussi beaucoup de mal à comprendre comment je peux être athéiste.
Enfin j'apprends que les deux personnalités françaises les plus connues ici sont Zidane (normal) et Jean Reno (prononcé avec l'accent indonésien, il m'a fallu presque 5min pour comprendre) qui, apparemment, tourne beaucoup de pubs en Asie pour gagner de l'argent sans se faire griller en France.

Et demain !?

Demain sera sur la route ou ne sera pas ! Un road trip fantastique en compagnie d'une délégation représentative européenne, ponctué de pannes et de crises de panique !