The Palace - Danny Elfman

dimanche 10 janvier 2010

Nous sommes le lundi 19 octobre 2009, la température intérieure est de 38°C (36 à l'extérieur), il est 4h du matin et j'ai des envies de meurtre ! Je viens de comprendre ce que signifie la phrase "L'Indonésie est le premier pays musulman du monde avec 200 millions de croyants". Avec tous les moyens de communication dont nous avons à notre disposition maintenant, pourquoi l'appel à la prière se fait encore par le chant abominable du muezzin (oui à 4h du mat' je ne suis jamais objectif). Un simple texto ne pourrait-il pas suffire ? Je sais que je suis venu ici pour m'imprégner de la culture locale mais pas la nuit s'il vous plaît!

En même temps, étant donné le décalage, mon organisme ne m'aurait pas laissé dormir beaucoup plus longtemps. De plus, comme nous sommes près de l'équateur, le soleil est déjà en train de se lever; dehors, tout le monde s'agite déjà, la journée commence. J'en profite pour relire un peu ce que dit le Routard sur Yogyakarta.

Keys To The Kingdom - UNKLE

Yogya (prononcez Djodja) avec son million d'habitants, est le cœur géographique et culturel de l'île de Java. La ville et sa région sont chargées d'histoire: c'est ici que régnèrent les royaumes bouddhiques et hindous entre le VIIIème et Xème siècle. Puis, gouvernée par une lignée des sultans à partir de la fin du 18ème siècle, Yogya devint la capitale morale et politique du pays lorsque Hamengkubuwono IX, père de l'actuel sultan, déclara son soutien à la lutte pour l'indépendance face aux néerlandais en 1940. Chose qu'il obtiendra en 1945 avec l'appui du gouvernement des rebelles qui avait abrité dans son palais (le kraton).

Aujourd'hui le sultan inspire toujours le respect dans toute la population et, même s'il n'a pas de fonctions publiques officielles, il exerce un réel pouvoir au niveau local.

Bicycle Race - Queen

Je consacre donc ma première matinée sur Java à flâner dans les rues de Yogya en direction du fameux kraton, le palais du sultan, ouvert le matin seulement aux visites.

Outre la soleil sur mon cou, ce qui frappe le plus ici c'est l'omniprésence de deux roues. Les scooters sont les rois du bitume ici et font leurs lois. Vu la quasi non existence de trottoirs pour se déplacer, il est aussi dangereux d'être piéton que conducteur.


De gauche à droite: un scooter est caché dans cette image, saurez vous le trouver - un exemple de trottoir aux abords du palais - une jolie station service en arrière plan.

On découvre aussi la civilisation du becak, cyclo-pousse actionné par un conducteur haut perché sur sa selle. Malgré quelques frayeurs dues au trafic, c'est un moyen de transport agréable, suffisamment lent pour profiter de l'animation de la rue et suffisamment rapide pour se protéger de la chaleur. On en dénombre plus de 12 000 dans la ville parait-il, aussi bien plébiscités par les touristes que par les locaux pour leurs déplacements.



Pour presque 1€ de l'heure, dur de résister à la tentation étant donné la chaleur ambiante. Cela ne m'a pas empêché pour autant d'avoir des scrupules, en entendant mon conducteur souffler hors d'haleine, face aux faux-plats de la ville. Au point même de descendre du véhicule et de le pousser à pied tout en restant en plein milieu de la route évidemment. Job à la con quand même...

Guide Down - Grandaddy

Sur les conseils du Routard, je décide d'accompagner ma visite du palais d'un guide parlant français: excellente idée! Il m'explique plein de choses sur le sultan, sa place dans la société aujourd'hui et comment son père et lui ont œuvrés pour le peuple. Il répond également à toutes mes questions sur la culture indonésienne et la manière dont chacun s'accommode des religions de son voisins.

En effet, si le pays est à 87% musulman, il n'en reste pas moins 13% de bouddhistes, hindouistes ou catholiques issus de la présence de différents royaumes au fil des siècles (Bali est à 90% hindouiste par exemple). D'ailleurs le pays est reconnu pour être un cas unique de neutralité bienveillante et de coexistence pacifique entre les ethnies et les religions.
Pour symboliser cette osmose et cette tolérance, le sultan est lui même islamo-hindo-bouddhiste! À son arrivée sur le trône, chaque sultan choisit parmi les 3 religions, quelle tradition il souhaitera respecter ou non: bizarrement la polygamie a beaucoup de succès lors de ce choix (Hamengkubuwono IV a eu 19 enfants... et est mort à 19ans...) ! Seul le sultan actuel, dixième du nom, a opté pour la monogamie (il est marié avec une ex mannequin quand même). Surement pour le punir de cet affront, il a eu 5 enfants... 5 filles, et donc aucun héritier légitime !

Contrairement à l'image très 1001 Nuits qu'on pourrait se faire du palais d'un sultan, celui ci reste relativement sobre. Il a bien quelques fresques en or ou 2-3 magnifiques sols en marbre mais pas de quoi faire rougir Aladdin. Il est composé d'une succession de cours carrées parsemées de pavillons ouverts servant aussi bien de cabinet d'écriture que de salles de réception (vu le climat local, pas besoin de murs). Seul le Palais Jaune (en référence à la Maison Blanche), un peu en retrait et abritant la famille royale, n'est pas accessible.


De gauche à droite: l'entrée du palace - le cabinet d'écriture du sultan (c'est pas du plaqué or le plafond...) - la salle à manger (qui a conservé des vitraux néerlandais).

3 matins par semaines, on peut assister aux répétitions de l'orchestre du sultan (appelé Gamelan) qui jouent de la musique, chantent ou récitent des mélopées interminables du répertoire national. Pour oreilles averties seulement... (pas les miennes donc).


De gauche à droite: l'auditorium (classe !) - l'orchestre du sultan.

Enfin, lors de la visite du musée du sultan IX (celui qui a libéré le pays des hollandais), mon guide entre alors dans une sorte de transe, me vantant toutes les qualités de son ancien souverain (aussi bien en tant que général des armées, qu'en entraineur d'équipe de foot). J'apprends aussi que le sultan est grand chef Scout du pays (la classe !) et que chaque jeune indonésien de 10 et 17ans est obligé de suivre l'enseignement scout un samedi sur 2...

Le musée expose aussi bien son premier slip (sans déconner) que ses médailles de guerre, ainsi que tout un tas d'objets personnels, parfois dérisoires, conservés comme des reliques. Fier, mon guide ponctue toutes ces phrases par un "Commandeur de la Légion d'Honneur, s'il vous plait Monsieur" très touchant.


De gauche à droite: le titre complet du sultan IX, pas évident quand il faut l'appeler pour aller manger - la marionnette du sultan IX (désolé je n'ai pas eu la présence d'esprit de prendre en photo son slip)

Birds & Drums - The Bewitched Hands...

À proximité du palace, se trouve le Taman Sari (ou Water Castle). Il s'agit de trois bassins en plein air, entourés d'un mur d'enceinte et dominés pas une sorte de pavillon à 2 étages. Assez surprenant, surtout si l'on imagine que le sultan venait s'y baigner avec ses femmes, enfants et maîtresses. Un des bassins est réservé aux légitimes et un autre aux concubines. Après le bain, le sultan prenait un peu de repos dans le pavillon, d'où il pouvait suivre discrètement les ébats aquatiques de ses amantes. La belle vie quoi !



Toujours à proximité, j'ai conclu ma ballade de la ville avec le marché aux oiseaux qui, comme son nom ne l'indique pas, est un marché où on vend des oiseaux ! Déferlement de couleurs garanti : aussi bien les oiseaux de toutes espèces que le marché en lui même. En fouillant un peu, on y trouve également des chauves-souris (à consommer rôties contre les problèmes d'asthme il parait), des lapins, chiens, chats, poissons, rats ou quelques pauvres macaques aux yeux tristes et à 2 doigts de mourir. Les mariés y viennent souvent en acheter (des oiseaux) pour les libérer (ça porte bonheur).


De gauche à droite: l'intérieur d'un stand (ça me fait penser à l'antre du vieux chinois propriétaire de Gizmo dans Gremlins) - un stand haut en couleurs - des poussins haut en couleurs également (oui ils sont teintés).

Swimming - Émilie Simon

Il est presque 13h et j'ai terminé tout ce que j'avais prévu de faire aujourd'hui: évidemment quand les journées commencent à 5h, on se retrouve avec beaucoup plus de temps libre que prévu. Du coup, je décide de me reposer un peu à l'auberge de jeunesse complètement déserte; à moi le bar, les transats et la piscine. À la base, j'avais choisit cette auberge pour son prix (5€ la nuit) et pour ses excellentes reviews sur tripadvisor.com; la piscine a été la bonne surprise en arrivant :-)


De gauche à droite: Une Bintang (la bière locale) et mon téléphone en guise d'échelle - la charmante piscine de l'auberge.

L'autre chose sympathique, commune à la plupart des auberges qu'on a faîtes, c'est que tous les jours, on trouve un grand thermos de thé indonésien (qui, au passage, est excellent) dans sa chambre à libre disposition et toujours chaud. Et étonnamment, plus il est chaud, plus il désaltère.

Aujourd'hui pas question de sauter le dîner pour cause de fatigue. Il est temps de confronter mon estomac à la gastronomie locale, surtout avec tout le bien que j'ai pu lire dessus! J'opte pour le plat national "nasi goreng", à savoir riz frit avec des oeufs, des petits morceaux de viande et de légumes, avec des "sate", petites brochettes de poulet cuites sur la braise et servies avec une sauce aux cacahuètes sucrée. Le tout est accompagné d'un jus de fruit frais melon-orange (les indonésiens sont fans de jus de fruits frais, quelle bonne idée). Miam! Coût total de la folie (avec un thé pour digérer): 40 000 roupies soit 3€.


De gauche à droite: Nasi Goreng + Sate - la carte des jus de fruits du restau (cliquez dessus pour une meilleure résolution).

Et demain !?

Demain (ou plutôt mardi), rencontre avec le plus grand monument bouddhique du monde et son alter ego hindouiste, puis ballet traditionnel sur fonds de monuments classés.

2 commentaires:

Laure a dit…

Je me ferai bien un ptit Nasi Goreng tiens... meme si après dix jours, je pense que toi aussi tu n'en pouvais plus du riz et du poulet :)

L'auberge avait l'air sympa en tout cas..

Unknown a dit…

Bizarrement je me suis pas lassé du riz. Pour le poulet, on a réussi à suffisamment varier entre le poisson et autres pour ne pas se poser la question.

Par contre, A-C a saturé au boût d'une semaine et on a dû faire une escale au McDo de Kuta (tourists inside... la honte)