J9 - Perdus dans la Mangrove

lundi 28 novembre 2011

Dimanche 15 mai. Aujourd'hui, Nicolas fait une nouvelle pause dans sa formation de niveau 2 et on en profite donc pour aller visiter la mangrove, dans le Grand Cul-de-Sac Marin, autour de Sainte-Rose, au nord-est de Basse Terre.


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Swamp - Tool

Levés tôt et partage à l'arrache, sans avoir réservé quoi que ce soit et sans réussir à joindre les organismes qui gèrent les visites de la mangrove : On verra bien, advienne que pourra. 8h50, nous arrivons devant "Bleu Blanc Vert", seule structure a partir à cette heure et qui nous dit être complet... Rhaa pas de bol, notre chance légendaire nous aurait-elle quittée ? Manifestement non car quelques minutes plus tard le téléphone sonne : un couple souhaite se décommander. Nous embarquons donc tous les deux à bord de notre mini-zodiac attitré et écoutons attentivement, comme toujours, les explications du guide.



La mangrove, des îlots végétaux constitués de palétuviers et peuplés de petits crabes et de yen-yens (des petites saloperies volantes constituées d'un petit corps et d'un gros dard), filtre les eaux en provenance de la terre et protège le lagon. Pendant l'esclavagisme, elle servait de refuge aux esclaves en fuite qui se couvraient de boue pour se protéger des yen-yens et revenaient parfois à la plantation pour y mettre le feu ou pour y voler de la nourriture. Les autres esclaves qui les voyaient ainsi arriver recouverts de boue pensaient voir des morts-vivants (à l'origine du nom Neg'marrons), ce qui a donné mauvaise réputation à la mangrove.

Bref, au-delà de la mangrove, quelques hauts-fonds abritent des herbiers et de la faune : étoiles de mer, oursins noirs et verts, perles de mer (la plus grosse cellule du monde vivant), coraux, etc. Derrière, c'est le lagon puis la grande barrière de corail qui, elle-même, protège le lagon et la mangrove de la houle de l'océan. En snorkelant dans ce lagon, nous tombons sur une nasse dans laquelle une murène est prisonnière, signe d'un mode de pêche totalement inadapté à ce lieu...



Nous poussons ensuite vers la barrière de corail où nous nous faisons brasser comme des malpropres et refouler vers la barrière. Le retour est périlleux, nous ne sommes qu'à quelques centimètres au-dessus des coraux tranchants, la houle nous soulève et nous lance à l'aveugle... en rentrant au bateau, une femme aura d'ailleurs eu un genou profondément entaillé par du corail. Elle attendra toutefois d'avoir pris le planteur avec tout le monde au milieu du lagon pour aller à l'hôpital se faire recoudre : la vie est faite de priorités.


Sitting, Waiting, Wishing - Jack Johnson

Notre retour au port se fait tranquillement, nous traversons une régate d'optimistes avons d'essuyer une énorme pluie tropicale alors que nous venions de débarquer. Qu'à cela ne tienne, nous ne comptions pas manger sur place.

Nous reprenons la direction du sud vers la plage de Grande Anse qui abrite un lolo nommé "Chez Liline", et qui servirait ces fameux lambis (d'énormes coquillages) qu'on nous vante depuis notre arrivée. Après une bonne marche pour traverser la plage, il nous faut une heure d'attente pour apprendre (si le restaurant est fameux, la lenteur de son service ne l'est pas moins), de la part du serveur, "qu'il n'y a plus ni poisson grillé ni lambi, parce que ce n'est pas la saison du lambi et que sa pêche est de toute façon interdite en Guadeloupe". Nous nous rabattons donc sur un Colombo de poulet... heureusement que les acras étaient offerts pour patienter, ceci dit. En dessert, la banane flambée est excellente, comme on nous l'avait promis.


La plage de la Grande Anse

Il est 16h30, nous faisons un tour par l'Anse à la Perle, une très chouette plage sur laquelle trois gars s'entraînent à faire du skim board, avant de rentrer au bungalow pour nous préparer au repas de fête de Zouty.




The Ambush - Sepultura

Mais le sort en décide autrement. Nicolas prend une énorme vautre sur le carrelage de la piscine et se déclare forfait pour le soir. Je décide donc d'aller chercher rapidement un truc à emporter chez Zouty et de revenir le manger au bungalow... Et c'est l'embuscade ! "Je voudrais juste une salade", dis-je, d'un air assuré. Mais la famille Zouty en a décidé autrement, et pendant que sa belle-mère vient se poser avec moi, sa femme m'apporte une salade d'acras avec une verrine terre mer "parce que je vous en ai gardé tout spécialement pour ton pote et toi !". Le geste est vraiment très gentil et la verrine est délicieuse. Je me laisse convaincre, dans la foulée, de manger une tarte aux pommes (sur lit de crème pâtissière au rhum) "parce que je vous en ai gardé tout spécialement !". Oui mais Kali, je n'ai plus faim là... "Alors je te mets une boule de glace à la vanille avec, pour t'aider à digérer".

Et que ça mange, et que ça boit, et que ça discute de tout et de rien... Les voitures, le PMU, la vie avant la Guadeloupe, les vacances à droite à gauche, tout y passe. Je signale que je vais partir, Kali me ramène des bokits maison fabriqués avec les restes de pâte à pizza. Je mange, je signale que je vais partir, mais c'est la mère de Kali qui prend les devants "Kali, refais des bokits pour son copain, il n'a rien mangé, il va mourir de faim". Zouty s'en mêle, "on va s'offrir un petit rhum vieux en attendant". Un client rentre et demande à manger. "Ah non c'est twop tawd on ne sewt plus, hiew je les ai sewvis pawce que ce sont des amis et il faut soigner les amis, mais là je ne sews plus". Eh bien, on a fait grande impression, ça fait plaisir ! Après une durée assez indéterminée, l'estomac bien garni et un fond de rhum vieux en bouche, je reprends la route du bungalow. Il n'est pas si tard que ça mais Nicolas est couché, c'est étrange. Il devait être sacrément crevé...


Et Demain !?

Demain, après une plongée profonde et l'épreuve finale, Nicolas sera l'heureux propriétaire d'un N2 de plongée.